Sunday, October 16, 2005

Les disques qu'on peut ne pas écouter ( 2 )

Cripple crow
Cripple creek ( Devendra Banhart ) : Une pochette fourre-tout « artistement » composée, une belle « gueule de pâtre grec », deux-trois flûtiaux en liberté et il n’en faut pas plus pour crier au génie ( cette fois-ci, je cite mes sources : Mojo, All music guide, les Inrockuptibles, New Musical Express ) . Génie ? Hmm, pas si vite ! Examinons ce disque d’un peu plus près. Beaucoup d’ « à peu près » surtout. Le coup du nouveau Dylan ( I feel like a child avec son catalogue à la Everything is broken ) ou même du nouveau Nick Drake, on nous l’a déjà fait. Avec des succès divers. Alors une fois que le disque ne peut plus se protéger derrière sa pochette, qu’est-ce qu’on entend ? Un petit talent pour installer une atmosphère d’accord mais aussi et partout un "je-m'en-foutisme" qui va bien au delà de la décontraction ( penchant au demeurant sympathique ) affichée par le jouvenceau de San Francisco ( The Beatles servant de peuve à charge ( j’aurai du me méfier, pourtant, avec un titre pareil )), un exotisme de pacotille ( les « sonorisateurs » de Pier import vont être ravis ), des expédients vocaux dont il semble se gargariser ( du vibrato à faire trembler Borobudur de lazy Butterfly à la grosse voix forcée de Luna de Margarita, Banhart nous fait morfler sec ! ) et une innocence qu’il joue plus qu’il ne rend sensible.
Alors, Cripple crow, mature work from a fascinating man ? J’y entends plutôt le caprice complaisant d’un hippie surexposé.

Noah's ark
Noah's ark
( Cocorosie ) : Toute la critique s’extasie sur les sœurs Casady et leur dernier « chef d’œuvre », Noah’s ark . Je vois bien ce qui plaît là aux rédacteurs de Technikart comme aux décoratrices d’intérieur . Ce filet de voix minimal, ces intentions « artistes » de gens qui font de la musique comme d’autres font des installations , ça met bien en valeur ses nouveaux tabourets Starck . Je n’entends, moi, dans ce disque que des feulements d’étudiantes énervées qui pensent réveiller le fantôme de Billie Holyday mais se retrouvent avec celui de Marguerite Duras sur les bras ( plus prétentieux que la voix française au début de The sea is calm , je vois pas !) . Il ne suffit pas, mesdemoiselles, d’abuser de samples de jazz acoustique et de trompette bouchée pour atteindre the real thing. C’est sûr, ça va plaire aux gens qui ont aimé Rois et reines mais pour moi, c’est direct à la benne. Anne, remets-moi le dernier single des Sugababes s’il te plaît !

5 comments:

Anonymous said...

Le minimalisme, en principe, ça m'ennuie, mais le premier Coco Rosie, c'est, sans vouloir vous énerver, votre Santa Cruz, en fille… En écoutant Bunch of Stars (SC), vous verrez.
Votre serviteur,
P. Ghaust

Anonymous said...

Sans vouloir vous énerver, effectivement Bunch of stars sur le 1er album de Santa Cruz est à classer dans le genre minimal, mais c'est d'un minimalisme autrement + ambitieux et sincère que celui , affecté et branchouille, des soeurs cocorosie. C'est d'ailleurs sans doute la raison pour laquelle un "truc" comme les Inrockuptibles ne parle jamais des uns et beaucoup des autres.
Non ?

Jocelyn Manchec said...

Monsieur,
à lire votre article, il me prend l'idée d'avoir affaire(à cette seule et triste occasion) à un genre de Finkelkraut de la Pop.
En effet, malheureux procès d'intention, vous stigmatisez avec un mépris de publicitaire poujadiste le "branchaga" absurde et irritant en prenant pour cible le magazine Technikart, symbole à vos yeux (?!)visiblement de la hype et du buzz galvaudés et artificiels.
Erreur, grave erreur.
Erreur de manière générale parce que cette revue, volontiers intelligente, évite souvent de prêter le flanc à ce genre de critique, plus maline, plus vivace (Technikart n'est par exemple pas "Elle" ou Canal +...)
Erreur particulière, à l'occasion du n°95, dans lequel on pouvait lire: "Franchement agaçante sur disque, Cocorosie repoussent les limites du supportable sur scène: Sierra couine comme u lémurien en rut tandis que Bianca se lance dans des leads hystériques...".
Et si la presse pop est unanime, sans doute parlez-vous de la britannique - ou bien de la vaste étrangère - car d'un titre à l'autre, en France, l'on grince (ou parfois pas) des dents (2/6 chez Magic!: "c'est peu dire que Noah's Ark décoit", "ce que l'on pourrait éventuellement pardonner à un artiste publiant son 20e passe beaucoup moins au second"), à l'écoute de cet album précisément.

Eric Aussudre said...

Je pense que Finkelkraut vaut mieux, bien mieux que ce que tu en penses.
Quant à Technnikart, j'admets avoir écrit trop vite. Il fallait un titre branché. J'aurais du citer Les Inrockuptibles qui eux soutiennent le groupe. Mais je n'ai pas osé tuer le père. Technikart était une cible plus facile mais voilà, je suis bien puni.
Backlash de premier ordre. Dommage simplement que j'en sois la cible !

michelsardou said...

Plutôt d'accord avec tout ça, sauf que Banhart a sorti un Rejoicing In The Hands qui est une vraie merveille l'année dernière. Celui-ci est une sacrée déception.