Quel est le point commun entre Brian Wilson, Marvin Gaye et Robert Crumb en plus d’être parmi mes artistes américains préférés ? Celui d’avoir été battu comme plâtre par leur paternel. C’est ce que j’ai découvert hier soir en regardant le captivant travail de Terry Zwigoff, Crumb, réalisé en 1994 . Des trois frères Crumb (les deux sœurs ayant refusé d’apparaître dans ce documentaire), Robert est le seul à n’avoir pas complètement sombré (Charles a multiplié les tentatives de suicide et vit comme un reclus assommé par les anxiolytiques (il réussira d’ailleurs son suicide peu après le tournage du film) et Maxon vit d’aumône et de méditation transcendantale quand il ne déculotte pas des femmes dans les supermarchés). Ce qui l‘a sauvé ? Le dessin, bien sûr mais Charles aussi était sacrément doué et pourtant cela n’a pas suffit.
Crumb est un putain d’artiste* et même si, au cours du documentaire, des intervenants viennent rappeler combien il leur fait penser à Daumier ou Bruegel, je trouve qu’il a son style bien à lui, immédiatement reconnaissable. J’adore son trait gras, charnu comme les vénus callypiges dont il raffole. Sa vision des femmes peut faire grincer des dents à des féministes un peu tatillonnes mais je me retrouve complètement dans sa fascination pour ces corps bien cambrés, ces fesses fermes et musclées ( c’est d’ailleurs, il le confesse, la partie du corps qu’il s’applique le plus à dessiner) mais un peu moins pour les mollets vigoureux. Moi, ces « orgies gratuites », « cette pornographie infantile » me plaisent énormément mais de toute façon, j’ai toujours eu un faible pour les artistes fétichistes. Crumb a su comme personne, évoquer le « petit homme qui s’agite dans notre cervelle » et qui perd tout sens commun à la vue d’une bretelle de soutien-gorge découverte ou d’un fessier rebondi. A la vérité, même si beaucoup de ses planches voient des petits hommes déplumés et craintifs chevaucher de magnifiques créatures stéatopyges, les femmes qu’il représente sont volontaires, audacieuses et au final beaucoup plus insoumises que dans beaucoup de comics « licencieux ».
« Quand j’écoute de vieux disques, ça me réconcilie presque avec l’humanité. C’est la plus belle part de l’âme populaire. C’est là que s’exprime le rapport à l’éternité ». R.Crumb in Crumb
4 comments:
pour ceux qui aiment la musique de "très vieux" (puisqu'on remonte carrément aux années 20), 2 disques à recommander : Singing in the bathtub et Chasing rainbows
deuxième et troisième albums de Robert Crumb and his cheap suit serenader.
Plus d'infos à cette adresse : http://www.timshome.com/css/
J'ai adoré ce film, vu il y a très longtemps.
Dans le même genre, tu connais peut-être le film American Splendor qui raconte la vie du scénariste Harvey Peckar.
Un petit bijou hélas trop ignoré. Merci Michel de rappeler l'existence de ce film !
C'est aussi celui qui a dessiné la pochette de "Cheap Thrills" de Big Brother & the Holding Company (Janis Joplin)
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