Friday, October 24, 2008

Bachelet avant Bachelet


J'ai beau ne pas être un supporter de base des sangs et or, lorsqu'à la mort de Pierre Bachelet, le kop lensois s'est mis à entonner le refrain des Corons, je n'ai pu empêcher les poils de mes avants-bras de se redresser très perceptiblement. Le titre vaut ce qu'il vaut, un rien pompier, figeant le bassin houiller dans un chromo misérabiliste ("chaque verre de vin était un diamant rose posé sur fond de silicose", mouais), mais on ne peut nier sa valeur comme hymne, probablement l'un des meilleurs jamais entendus dans un stade de Ligue 1. Un peu leur "you'll never walk alone" à eux. Alors, après, réhabiliter le Bachelet chanteur-compositeur, celui de l'an 2001 ou de Pleure pas, Boulou, je n'en ai ni le courage, ni même l'envie. Et pourtant, malgré une fin de carrière problématique (son disque d'hommage au Grand Jacques est à peine meilleur que celui de Pagny, c'est dire), je conserve un fond de tendresse pour l'auteur de Marionettiste. Sans doute parce que sa première période créatrice (1974-1979), largement méconnue (en dehors des dingues de soundtrack collector) cumule les moment épatants. Diplômé d'une école de cinéma, Pierre Bachelet avait fait copain-copain avec toute une génération de réalisateurs qui firent leurs premières armes dans la publicité (Just Jaeckin, Patrice Leconte, Jean-Jacques Annaud) et qui devait s'imposer au début des années 80 (c'est moins probant pour le premier des trois). Bachelet ayant un peu tripoté de l'habillage sonore (pour DimDamDom notamment), il était tout naturel que ses potes lui confiassent le score de leurs premiers opus. Coup d'essai, coup de maître avec Emmanuelle de Just Jaeckin. Je ne m'appesantirai pas sur le film (n'ayant jamais eu le courage de le voir jusqu'au bout) mais force est de constater que le travail de Bachelet est loin, très loin d'être meprisable. Touches discrètes d'électronique, légèreté et chaleur du chant, mélancolie suave du texte, Bachelet a fait du bon boulot, raison pour laquelle Jaeckin le réutilisera pour Histoire d'O (tout aussi inspiré) et Gwendoline (moins convaincant). Parallèlement, le ch'ti travaillera pour la télévision (OK chicago et sa B.O brûlante de Blaxploitation (a redécouvrir absolument)), sur les deux premiers films d'Annaud (qui a oublié l'ineffable thème sifflé de Coup de tête ?) et bien sûr pour Leconte.
Il y a là tout un pan du patrimoine musical français (j'aurai tendance à y englober aussi la B.O de Bilitis (Francis Lai), Laura, les ombres de l'été de Juvet, le travail de Jarre avec Christophe) qu'il me tarde de voir réhabilité. Et si là se trouvait la vraie genèse musicale de la French touch
?
P.S : Si le prochain Unknown Pleasures est consacré au Between the Buttons des Rolling Stones, celui d'après sera l'occasion de juger sur pièces les B.O tant vantées ci-dessus.

4 comments:

Anonymous said...

La Bo d'Emmanuelle, c'est absolu top-respect. Bachelet est un grand rien que pour ça. S'il n'avait tiré sa révérence si tôt, il aurait pu refuser d'écrire celle de "Bienvenue chez les Ch'tis"...
Enfin, si la BO d'Emmanuelle était un hymne de foot, il y aurait peut-être moins de violence dans les tribunes (cosanguins ou non).

Le noir va bien à ton blog, ami Sonic.

Eric Aussudre said...

Merci, Cool' ! Black is beautiful, j'en suis convaincu depuis longtemps !

Anonymous said...

Mon dieu après m'avoir fait écouter du r'n'b aujourd'hui, voilà qu'il va m'imposer les bandes originales de nanars des années 70. Et le pire c'est que je vais aller y écouter et qu'il est foutu de me faire aimer certains trucs l'animal !

Anonymous said...

Beau rhabillage de blog. Le bougre savait choisirles images de ces albims apparemment.

L'Odr