Tuesday, July 14, 2009

Sonic hisse le drapeau noir


Ceux qui me lisent ne seront pas surpris d'apprendre que les Francofolies, bien qu'habitant tout près de La Rochelle, ce n'est pas vraiment mon truc. Les vendeurs de colifichets, les baraques à frite, les cohues estivales et les cracheurs de feu ont depuis pas mal de temps déjà tendance à me faire fuir. Et la programmation est le plus souvent au dessus de mes forces, coïncidant avec cet esprit "enfoirés" qui corrompt tout sur son passage. Benabar, Olivia Ruiz, Tryo, les mots me manquent pour décrire le peu d'affinités que j'entretiens avec ce type d'artistes.
Dans ces conditions, il n'est donc pas étonnant qu'en douze ans de présence charentaise, je n'ai participé que deux fois au festival qui réjouit tant la jeunesse rochelaise. La première fois, je préfèrerais la passer sous silence (un vrai moment d'égarement) et la deuxième fois, c'était vendredi dernier au théâtre Verdière, Coeur de pirate. Combattant une agoraphobie qui devient de plus en plus handicapante, je me suis résolu à voir sur scène celle dont je dois l'heureuse découverte à Filles sourires et à Erwan. Après une heure d'attente, des vigiles mal embouchés nous laissaient nous placer à proximité immédiate de la scène (deuxième rang). Mais hélas, notre patience ne fut guère récompensée, Béatrice en s'asseyant au piano ne nous laissait entrevoir d'elle que son cou et ses jambes (qu'elle a d'ailleurs très fines).
Malgré ces limites visuelles, difficile de ne pas succomber au charme de la jolie québecquoise. Sa voix était loin d'être parfaite, le micro accentuant les chuintements de sa diction, mais la fluidité de son jeu au piano, la malice de son personnage et la qualité des compositions (mention spéciale pour Fondu au noir, que j'aimais déjà beaucoup) m'ont fait applaudir sans retenue (et Matthieu qui ne la connaissait pas dut lui aussi céder les armes). On peut certes regretter que le public (à la demande du guitariste je le concède) se sente obligé d'applaudir en cadence : cela vous donne une impression détestable de spectacle de patronage. Deux nouvelles compositions (Place de la République et Loin d'ici chanté assise sans micro et sans quasiment reprendre son souffle) montrent assez que Coeur de Pirate n'est pas un engouement éphémère et qu'on peut attendre sans crainte son sophomore album.
Hélas, au tonnerre d'applaudissements mérités qui suivit la sortie de scène de Coeur de Pirate succèda une artiste qui se fait appeler Luciole, une Anaïs bis qui aurait trop lu Prévert. Verbeuse, impudique, nous jetant à la face ses sentiments comme d'autres leurs postillons, elle s'étonna de voir le public si peu réceptif à ses incantations. Au lieu de mettre cela sur le compte d'une digestion tardive du public présent, elle aurait pu avoir la sagesse de comprendre qu'après une prestation comme celle de Béatrice Martin, le profil bas était la seule posture possible.

3 comments:

Anonymous said...

C'est pas plutôt la testostérone (et la griserie de fréquenter de la célébrité doublée de l'impact de tant de tattoos ?) qui aurait surtout emballé ton aîné ? Plus que du franc et sincère enclin ?

(pour toi aussi, d'ailleurs...)

mariaque

Eric Aussudre said...

Je vois bien que c'est pas ta came mais je n'ai pas dit non plus que Coeur de Pirate était le disque de la décennie.
Mais oui, l'enclin est sincère... tant qu'elle n'abuse pas de Taratata !

Anonymous said...

Les chansons de cette fille ont l'air très bien (le duo avec Julien Doré m'avait accroché) mais ce qui gâche tout, c'est ce que tu appelles "les chuintements de sa diction" et que je qualifierais plutôt de maniérismes zonzonnants.
Pour moi, les choses s'arrêtent là, tant ces coquetteries me hérissent le poil.
C.