Sunday, November 02, 2008

Royal Fireworks


ça y est, le Sénat a donné son aval à une loi scélérate qui va provisoirement (car, j'en suis persuadé, le téléchargement libre finira par l'emporter) mettre un frein au formidable développement des audioblogs. Il me faudrait l'assistance d'un comptable pour dénombrer tous les groupes auxquels les bloggers m'ont initié et que je n'aurai pas connu sans eux. Les bloggers avec leur insatiable curiosité ont pris le relais d'une presse rock défaillante (Rock'n'Folk, incapable de tourner la page Rolling Stones-Iggy-Stooges) ou moins concernée qu'avant (Les Inrockuptibles et la portion désormais congrue dévolue à l'actualité musicale). Avec eux, les rééditions les plus improbables, les groupes les plus marginaux retrouvaient voix au chapitre. L'appétit pour tout ce qui n'était pas mainstream trouvait de quoi se rassasier.
Ce que je lisais ce matin dans le blog de Next résume parfaitement cet état d'esprit. une communauté s'est créée qui ne peut pas, qui ne doit pas disparaître avec les ripostes de menace graduée. Cette communauté à ses défauts certes (un côté ghetto indé qui parfois m'agace) mais peu contesteront la place qu'elle joue aujourd'hui auprès des fans de musique. Et, même si l'âge aidant, la soif de nouveautés se fait moins pressante, je sais très bien que sans la Blogosphère, The Organ, Ephemera ou Sexton Blake me seraient restés inconnus. Prenons un exemple encore plus précis. sans l'invitation de Coolbeans en commentaire de sa chronique du Great Eastern, comment aurais-je pu flasher sur l'album solo d'Emma Pollock, Watch the Fireworks ?
A sa sortie en septembre 2007, le disque avait reçu un accueil poli, mais loin d'être délirant. Voilà pourtant un album qui, pour être ambitieux, n'en est pas pour autant hermétique, qui sait être onirique sans se noyer dans la brume et qui use d'atours pop sans faire de douteuse retape. Ajoutons, ce qui n'est pas rien, que c'est admirablement chanté sans cette auto-indulgence qui défigure les plus beaux projets. J'y ai retrouvé ce que je préfère chez Natalia Imbruglia, la franchise de l'émission vocale, la chaleur du timbre, mais sans les clins d'oeil appuyés aux radios FM américaines. Bref, un excellent disque , candidat rêvé pour un futur Unknown Pleasures.
Emma Pollock: Fortune

13 comments:

Anonymous said...

1997 ? L'album d'Emma Pollock date de 2007...

Eric Aussudre said...

Tu aurais fait un excellent correcteur-typographe.

Anonymous said...

Tout a fait d'accord avec toi sur le nombre de découvertes que j'ai pu faire grâce aux blogueurs même si, et tu le sais, le coté radical indie, un tantinet anti rock'n'roll de certains peut parfois me fatiguer un peu. Mais, j'irai même plus loin que toi Sonic, je n'ai jamais acheté autant de disques que depuis que je blogue. Evidemment, ce ne sont ni des Madonna, ni des U2, ni des Cali.
Et pour les majors, le fond du problème est bien là.

Eric Aussudre said...

Je n'achète pas plus de disques mais ceux que j'achète aujourd'hui me font plus d'usage que ceux pour lequel je m'emballais sur la seule foi des critiques papier. Disons que grâce aux audioblogs, on sait plus à quoi s'en tenir.

Anonymous said...

mais pourquoi cette crainte entre la repression du téléchargement et la pérennité des audioblogs Sonic ?

le Sénat ne vise que le premier (pour l'instant peut être) ...

Eric Aussudre said...

A cause de ce type de messages de plus en plus régulièrement envoyés par Blogspot :
"Blogger has been notified, according to the terms of the Digital Millennium Copyright Act (DMCA), that certain content in your blog infringes upon the copyrights of others. Please note that repeated violations to our Terms of Service may result in further remedial action taken against your Blogger account. If you have legal questions about this notification, you should retain your own legal counsel.

Anonymous said...

oui mais les sénateurs parlent de téléchargement dans l'article pas des audioblogs

les messages reçus émanent de la RIAA ou consort, les sénateurs veulent s'attacher aux méchants pirates sur les P2P, mais bon je suis d'accord par ricochet ça risque de revenir sur les bloggeurs aussi


PS: pour le BT les réponses par mail Sonic pas dans les commentaires ;-)

Eric Aussudre said...

Oops ! Sorry! This won't happen again !

Anonymous said...

Je me demande souvent si ce que je télécharge sur les blogs me met à la merci de cette loi (je sais, je suis trop flippé). Et comme toi, je mesure ce que je dois à ces tenanciers qui font le boulot de repérage et savent se montrer enthousiastes.
Dernière découverte en date : Crystal Stilts, un genre de Jesus & Mary Chain produit par Spector.

Cela dit, combien de blogs vraiment perso connaît-on, de ces blogs qui tiendraient le rôle d'interlocuteurs qui a été celui de Nick Kent, Michka Assayas ou Stéphane Deschamps dans la presse que nous aimions? Pas tant que ça... On est passé de la frustration au trop-plein, au balisé.
Je vais pas mal sur ces bons blogs américains, très pro (Stereogum, Aquarium Drunkard, etc.), et je remarque que l'on y trouve les mêmes choses au même moment, soit de l'indé pointu mais très interchangeable - tout fait niche et les pourvoyeurs savent à qui vendre leur came.

D'accord avec toi, "grâce aux audioblogs, on sait plus à quoi s'en tenir", et d'accord pour cette Emma Pollock que je viens juste de découvrir, mais il faut bien admettre que le rock n'est plus cette matière précieuse qu'on s'échangeait entre initiés. Je ne vois pas ce qui aujourd'hui, rock compris, pourrait faire rêver un garçon de seize ans auquel tout est accessible.
C.

Eric Aussudre said...

Merci C. de ton précieux point de vue!
"il faut bien admettre que le rock n'est plus cette matière précieuse qu'on s'échangeait entre initiés". En 1984, lycéen, j'étais sûr que ni mes profs ni mes parents ou leurs amis n'écoutaient ni les Undertones, ni même Echo and the Bunnymen. Aujourd'hui, j'ai de bonnes raisons d'être moins sûr. Ce qu'on échange entre initiés à l'adolescence a sans doute changé de support. Demeurent , j'en suis certain, des connivences culturelles (jeux vidéo, mangas) auxquels nous, adultes, n'entravons rien ou presque.

Anonymous said...

"il faut bien admettre que le rock n'est plus cette matière précieuse qu'on s'échangeait entre initiés".
Deux choses :
1) On n'en sait rien ( puisqu'on n'est plus jeunes et que nos enfants , s'ils sont en âge d'être au lycée, ne peuvent être un échantillon représentatif de cette classe d'âge ).
2) J'étais lycéens à la fin des années 80 et je ne me rappelle pas avoir croisé beaucoup de jeunes qui écoutait ce que nous serons d'accord ( enfin , je le pense ) pour appeller de la "bonne musique "...
Pour conclure , je pense que le téléchargement libre l'emportera . C'est inéluctable et c'est d'aileurs dans cette mesure que ce ne devrait mêm pas être sujet à débat .
On passe à autre chose . Point.
P.S : pour répondre à ta questionportant sur l'anecdote relative aux relations de Marvin Gaye et Diana Ross , je ne sais plus si javais attrapé ça dans "marvin Gaye de A à Z" ( on ne se moque pas ...)ou dans un rock Folk . Est-ce vrai ... ? Remeber John Ford : quand la légende est plus forte que la réalité ...
Bonsoir .

coolbeans said...

En ce moment, je craque sur l'album de Pale Young Gentlemen qui vient de sortir.
En essayant de faire connaître ce disque au maximum de gens possible, j'ai le sentiment de faire ce qu'on faisait entre potes quand on avait 15 ou 20 ans.
On échange des disques, on veut savoir si l'autre aura la même émotion en écoutant la même chose que nous. Histoire de se sentir un peu moins seul.
Aujourd'hui un garçon de seize ans ou un plus vieux de 40, même si tout est devenu accessible a toujours besoin d'un ami pour lui faire découvrir la musique qu'ils partageront. J'irai même jusqu'à dire que plus l'offre est grande, plus ce coup de main pour trier est précieux.
C'est pour cette raison qu'à mon sens il y a plus entre un blogueur et ses lecteurs un rapport d'amitié qu'un rapport d'"écrivain" à lecteur.

Anonymous said...

Trouvé un schéma intéressant :
http://fiftycentlighter.blogspot.com/2008/10/friday-top-5-blog-finds.html

Quant à ce que pense un ado amateur de rock, je n'en sais que ce que j'en devine du point de vue d'un gars de mon âge. Je notais juste que les choses avaient changé, sans savoir si c'est en bien ou pas (je ne revivrais mes 16 ans à aucun prix, donc pas de nostalgie).
Mais comme Coolbeans, je crois à l'idée que la relation entre un blog et son lecteur est avant tout amicale.
C.