Tuesday, March 22, 2005

Feelin'like they don't belong

Aux Etats-Unis, dès leur troisième trente centimètres ( The Carpenters, 1971 seulement ), ils avaient déjà perdu tout espoir d’être « hip ». S’afficher avec un de leurs disques sous le bras à Buffalo ou à San Diego, c’était signer son « arrêt de mort » social surtout si on n’en avait pas fini avec ses « teens ». Ni country-rock, ni sudistes, ni glam ni glamour ( Richard même s’il a laissé de côté son fameux pull en V a sur la pochette une coupe de douilles à faire passer Quentin Durward pour Marylin Manson ), ils ne facilitaient pas la tâche de leurs fans adolescents. La cocotte-minute bouillait dans les campus mais eux, ils souriaient de toutes leurs dents sur fond de chromo vaporeux. Oui, les midwesterners achetaient leurs disques par pick-ups entiers. Et pourtant, ce n’était pas si rassurant ! Il y’avait là trop de signes extérieurs de bonheur domestique pour ne pas susciter un malaise. Et même le mauvais medley Bacharach ( qui leur a soufflé une pareille idée ? Alors que Karen avait tout pour être une interprète d’élection de Make it easy on yourself, ils la sabotent en moins de 40 secondes chrono avec un entrain qui n’a tout simplement pas lieu d’être ici et nous, on reste là, inconsolables car celle-là, elle ne la confiera plus jamais au studio ) avec ces chœurs aériens forcés et la coda Broadway hors-sujet ( Sometimes, c’est du matériel pour Streisand, pas pour elle ) ne peut faire oublier l’humeur dépressive qui caractérise 4 des 10 titres de l’album ( et comme il n’y’a pas de hasard, ce sont les 4 perles même si Saturday et Druscilla Penny ont un petit air Gilbert O’Sullivanien pas déplaisant ( Richard tout cheveu sur la langue qu’il est ne peut cependant rivaliser avec Karen comme Bjorn et Benny avec Agnetha et Anni-Frid ) . Au simple énoncé du premier couplet de Rainy Days and mondays, on n'a pas de mal à imaginer les poils des ménagères américaines se dresser :
Talkin' to myself and feelin'old
Sometimes I'd like to quit
Nothing ever seems to fit
Hangin' round
Nothing to do but frown
Rainy days and mondays always get me down

E
t les notre aussi d'ailleurs par la même occaion. Avec sa diction à faire rougir Berlitz et son vibrato si incroyablement maîtrisé, le chant de Karen nous ouvre des abîmes. Elle catalyse la neurasthénie suburbaine et son parfum d'ennui amidonné. Quand sa voix résonne dans le transistor, le fer à repasser se crispe, l'eau de vaisselle vire à la saumure et les larmes tombent sur les Chocolate chip cookies encore tièdes.




The carpenters

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