Sunday, June 26, 2005

Mes poisons

« Pressez l’éponge, l’acide sortira » ( sainte-Beuve )
Je crois avoir suffisamment manié l’encensoir pour pouvoir enfin piquer deux ou trois banderilles venimeuses sur l’échine de quelques tristes sires et pénibles dames.
A tout seigneur, tout honneur !
Jean-Jacques Goldman – Jamais meilleur que quand il dort – Ce prix Nobel de l’indigence musicale a pourri consciencieusement mon adolescence ( à part s’embarquer avec des boat-people, comment lui échapper alors ? ) avec sa voix de crécelle hululante ( oui, je sais, les crécelles ne hululent pas ) et des textes si « démagos » et attendus qu’ils feraient passer Barbelivien pour Baudelaire. Le plus mauvais d’entre tous les mauvais français ( Pagny, Obispo et toute la bande des enfoirés ) et dieu sait que dans ce pays on a pourtant fort à faire pour tous les recenser. Ses fans tirent partie de sa soi-disant invisibilité médiatique pour faire de lui un parangon de vertu mais depuis quand le fait de payer ses impôts suffit à faire de vous une autorité en matière musicale. Icône des bien-pensants, il a ouvert la voie pour tous les jésuites qui voulaient se refaire une virginité sur le dos de la misère humaine.
La banqueroute morale de la France dans la deuxième moitié des années 80 lui doit énormément.
Norah Jones – la chanteuse préférée de ceux qui n’aiment pas la musique comme le train sifflera 3 fois fut le western préféré de ceux qui n’aimaient pas le western. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dans les intérieurs où 3 à 4 cd simplement font irruption dans le champs visuel, Come away with me est toujours en bonne place. On sent derrière cette innocuité de grands manitous avides de trouver le produit ratissant large susceptible de plaire aussi bien qu’au tonton jazzy qu’à la petite nièce fleur bleue.
Tellement insipide, consensuelle et blanchâtre qu’après elle, un Neuchâtel fait à coeur vous a l’allure d’un Caprice des dieux.
Björk- Comme en leur temps, certains donnaient tout Antonioni pour un plan de Walsh, je donne l’intégrale de sa discographie pour l’intro de That’s me ( Abba ). Attention tout de même, le vent a tourné et elle se rapproche de plus en plus du statut de has been ce qui la rendrait plus propre à attirer la sympathie.
The Doors – Le boulet des sixties. Parce que Morrisson lisait Rimbaud, tous les khâgneux de la planète l’ont adoubé comme le poète de la Beatnik Generation mais ils se sont trompé de bonhomme, The real deal, c’était Ray Davies . Dommage cependant qu’il n’ait pas vieilli plus, il aurait fini par ressembler à Elvis post- Burnin’Love
Céline Dion – Non, elle n’a pas une belle voix !!!! Poncif tellement véhiculé que beaucoup de gens ont fini par le croire. Si vous voulez vraiment entendre une grande chanteuse, achetez-vous les récitals d’Anita Cerqueti ou de Lucia Popp mais de grâce, épargnez-nous Vegas !
Ben Harper - Norah Jones avec des c……….
Jeff Buckley – Tirer sur des ambulances est à la portée de tout bon journaliste de Rock’n’Folk mais lui, c’est une autre affaire et beaucoup de mes contempteurs m’attendent au coin du bois. En effet, l’auteur de Grace est une icône et sa statue est encore solidement chevillée au sol. Sa fragilité, ses vocalises interminables continuent à en séduire plus d’un et d’une. Que tout cela soit au service de compositions distillant un ennui abyssal semble apparemment ne gêner personne. Reconnaissons-lui malgré tout le bon goût d’être mort jeune même si en agissant de la sorte, il s’assurait une immortalité qu’on n’a pas fini de payer au prix fort !
Bon , il reste largement de quoi écrire un second volume. L’actualité nous donne suffisamment de grain à moudre avec les adeptes du New Metal, du ska festif et autres Kyo mais laissez-moi le temps de concentrer mon venin.
Mais le poison le plus tenace, c’est moi, moi qui ne chante même pas juste, qui n’a jamais été foutu d’aller plus loin que la page 12 de la méthode à Dadi, qui parle de disques et de films qui lui sont inconnus et qui tient ses seules bonnes formules de la presse spécialisée ou de son ami Mariaque . Et là, il n y a,hélas, pas d’antidotes.

2 comments:

Jocelyn Manchec said...

Plus rare, on l'aime aussi l'eric usant de boulets rouges !
De bien beaux tirs ici (en particulier Norah Jones) et de futures promesses qui mettent la salive en ébullition.
Quant au mea culpa final, il est fort peu justifié et chacun le devinera aisément: nul besoin de mariaque ou d'inrocks pour que le bougre sonique ne dise vrai, beau et fort... à graver presque dans le marbre.

Eric Aussudre said...

Je suis fier d'avoir de tels amis