Wednesday, October 05, 2005

Album de l'année

Siberia
Excusez -moi d’insister mais j’ai peur que par bête négligence, vous ne passiez à côté d’un des albums de l’année ( le podium est là qui les attend entre Schuller et Santa Cruz ). Alors, je repasse une couche.Nombreux furent ceux qui reprochèrent à Ian Mc Culloch son virage « crooner », lors du come-back d'Echo and the Bunnymen, virage initié par Evergreen et confirmé et amplifié sur What are you going to do with your life ( beaucoup lâchèrent alors les hommes-lapins se privant des sublimes Rust et Baby rain ) . Flowers vit le groupe se recentrer sur un son plus rock avec une production plus fruste ( et je ne fus alors guère convaincu ( il faudrait pourtant que je réécoute ce disque )). Avec Siberia, Ian et sa bande trouve à nouveau le ton juste entre Echo première manière ( Sargeant compense la jeunesse perdue et le tranchant inoubliable de Rescue par une variété d’effets ( la fin de All because of you days, c’est carrément du Lush ) qui fait que le disque s’écoute sans un moment de lassitude ( et de combien de disques peut-on dire ça cette année ? )) et la mise en avant d’une voix qui n’en finit pas de coller des frissons. De fait, et Siberia le confirme, Ian ne démord pas de sa fixation sur Sinatra et on peut même dire que cet album présente des analogies troublantes avec l’opus majeur de « The voice », The september of my years ( un album que je n’ai pas pour habitude de citer à la légère ) : même voix automnale, même contemplation fascinée de son passé ( et si Parthenon Drive était son It was a very good year à lui ? ), même maturité épanouie. Depuis Evergreen, certains le lui reprochent , Ian creuse la même veine dans ses lyrics ( on sait qu’il n’y aura rien après, alors tant qu’on est en vie, essayons de faire le mieux et même plus encore avec ce qui nous est donné ) mais je ne me lasse pas de cette thématique dont j’avais trouvé des échos dans le personnage de Rémi dans Les invasions barbares ( " [He] wanted it now, not the promises of what tomorrow brings ") . Les épreuves ( la mort de Pete de Freitas, celle de son père, son addiction à l’héroïne ) l’ont rendu moins mégalomane, moins marmoréen ( « that was me, cold as ice » chante-t-il sur Siberia, le titre) mais satisfait d’être encore vivant ( « glad to be alive around a forty five »). Les blessures sont plus manifestes qu’auparavant à la fois dans les textes ( le très réussi Everything kills you ) comme dans la voix, moins présente dans l’aigu ( sauf sur le refrain de all because of you days où Ian se prend pour Ronnie Spector et Hugh Jones pour le grand Phil , juste pour situer le niveau de réussite de ce disque ) mais avec une patine, une puissance d’évocation qui n’était qu’à l’état d’ébauche à l’époque de Villiers Terrace.Alors, ce disque peut-il conquérir les cœurs juvéniles labourés par Coldplay et Keane ou les appartements cossus baignés de fragrances Cocorosie ou Goldfrapp. Peut-être pas. Peut-être n’est-il pas assez contemporain mais qui peut nous empêcher de savourer ( comme Chris Isaak en son temps, comme Denise James l’an dernier ) ce luxe et cette jouissance que d’aucuns trouveront anachroniques ? Personne.
Pour avoir un aperçu du clip de Stormy weather,le premier single issu de Siberia consulter le site de
cooking vinyl
Et puis dans une optique très différente, la critique de David M. Goldstein, passionante à lire.

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