Sunday, December 11, 2005

Un vent mauvais

Funeral
Peu de disques auront reçu autant d’éloges cette année que Funeral de The Arcade Fire. Comme le soulignent à juste titre les rédacteurs d’Interprétations diverses dans leur teasing pré-bilan, le disque ne pourra figurer dans le palmarès de l’année 2005 puisqu’il a été réalisé en 2004. Beaucoup s’en attristent car c’est pour eux, et de loin, le disque de l’année. Je suis loin, très loin de partager ce sentiment. Je vois ce qui plaît dans Funeral et plus généralement le concept « Arcade Fire » : l’énergie quasi live déployée en studio, un lyrisme indéniable contrebalancé par un son foutraque et peu poli mais désolé , ça ne me touche pas. Régine Chassagne et Win Butler se réclament ouvertement de Talking Heads et cela s’entend. Ces breaks incessants, ces crescendos à la limite du chaos, ces tambours syncopés, cette voix qui s’éraille , je reconnais bien là la filiation avec le quatuor new yorkais. Je suis impressionné par la liberté qu’ils manifestent dans leur disque mais je n’adhère pas à cette rigidité intellectuelle. Il y’a dans leur démarche une aversion pour la musique pop et tous ses avatars qui me glace. Si l’écho de ce disque marque durablement comme l’annonce Briag dans le Rock’Folk de Septembre, je laisserai passer la vague en attendant un mouvement mieux taillé à ma cotte.

7 comments:

Anonymous said...

Votre billet est assez étonnant: vous arrivez à souligner tout ce qui plaît généralement dans Arcade Fire (ce qui me plaît en tout cas), mais pour autant, je n'arrive pas à saisir ce qui vous déplaît.

Pour moi, Funeral est un album grandiose, à condition qu'il reste unique: complètement déconstruit, brut, "énergie quasi live déployée en studio". Le second opus devra être plus construit, afin de montrer qu'Arcade Fire sait faire autre chose que produire ce fameux "foutraque" :-)

++
yod

michelsardou said...

Qu'est-ce que tu entends par "chose pop", ça recouvre quand même pas mal de choses(???)

Eric Aussudre said...

Une musique faite pour être immédiatement appréciée, à la fois populaire et glamour, insignifiante et insinuante, addictive et jetable. La prétention n'y est pas de mise. Je te donne des exemples récents car ce serait trop facile de citer des hits de trente ans d'âge : Push the button des Sugababes, The Show des Girls Aloud, Heartbeat d'Annie, Outer space de T.A.T.U.

vinch said...

J'aime "Funeral" sans en être dingue. Ce qui me broute, c'est le coté incontournable, indiscutable de cette album...

En compagnie de certaines personnes, je m'amuse à mettre en doute Radiohead, et depuis peu Arcade Fire... Ouch, ça part au 1/4 de tour. Ils ne marchent pas, ils courent ! Je me fais aboyer dessus !

Beau billet...

Anonymous said...

Qu'on ne me parle pas d'Arcade Fire. Une femme ravissante, vraiment, m'a appelé pour m'offrir une place pour les écouter à Nantes. Dans ma tête, toute la ville flambait grandeur nature, et les arcades des ponts enserrant l'île de Versailles, et les arcanes secrètes dépliant l'escalier du passage Pommeraye, toutes ces portes enjambantes de la ville s'enroulaient autour d'un désir violent et irrésistible; ce jour-là, quand je sus la nouvelle, je ne marchais plus sur terre. La raison me commandait de ne pas y aller. Pas mon coeur.

J'ai crucifié ce dernier et depuis, quand la radio passe Arcade Fire, je l'éteins , pudiquement. Je n'ai jamais revu Sophie, ni même entendu le son de sa voix heureuse de m'inviter mais je peux dire que cette invitation brûle encore en moi d'une flamme noire qui auréole chacun de mes rêves.

Non, qu'on ne me parle plus jamais d'Arcade Fire.

michelsardou said...

Mais, Eric, quelle chose aies-tu pu trouver qui te dérangeasse? (non, je suis mauvais esprit contre la réaction précédedente, désolé)
Bon, toi qui aimes de Ride, par exemple, prenons Leave Them All Behind. Est-ce plus "pop" que Rebellion (Lies), entre autres. Sufjan Stevens est-il destiné à chanter à la Star-Ac? J'avoue que je ne suis pas très Tatu, ou George Michael (même s'il a fait des singles respectables). Mais je vis dans un monde où j'ai décidé depuis longtemps de ne pas m'intéresser à la chose pop. Elle viendra de toute façon assez vite à moi sans que je la lui demande. Il restera des perles (Justin Timberlake) et des merdes (le dernier Madonna, et oui, Last Christmas de Wham). J'ai pris mon parti de ne plus jamais écouter la radio, puisque des bloggers comme toi, ou Pierre de Je Dis ça , Je Dis Rien (ou encore Pardon My Freedom). En bref, est-ce que ce sont les commentaires dythirambiques ou ton propre jugement qui t'affectent?

Eric Aussudre said...

Oui, Michel, la frontière est ténue entre vulgarité crasse et pop éclatante et pour revenir aux shoegazers, je dirai qu'il y'a dans Ride et Lush ( elles n'ont pas repris Hey, Hey Helen (Abba) par inadvertance) une rigueur, une organisation que je ne retrouve pas dans les morceaux souvent destructurés de Funeral.