Tuesday, January 17, 2006
More than meet the eyes
A 16 ans, au lycée Edouard Vaillant, j’aurai donné mon bras gauche pour ressembler même de loin à Morten Harket ( et ainsi pouvoir exister aux yeux d’Emmanuelle M., Christelle B. ou Nathalie B.). Un peu plus de vingt ans après, je donnerai l’autre bras pour ne serait-ce qu’approcher son inégalable falsetto (Sylvia Patterson dans le New Musical Express parlait du « greatest falsetto in the history of pop music ever » et s’il n’y avait Marvin Gaye, j’irai jusqu’à m’incliner). Dans la Blogothèque, Pierre écrit de lui qu’il a une « étonnante capacité à monter dans les aigus sans perdre son expressivité». Rien de plus vrai. Autant ses attaques de notes sont parfois à la limite de la brutalité ( le break dans Manhattan skyline ou la fin du refrain d’I call your name ) , autant le passage en voix de tête est admirablement maîtrisé (je pense à Neil Shicoff et à des chanteurs lyriques du même acabit) et d’un naturel qui laisse pantois ( là, des dizaines d’exemples de Take on me à Summer moved on en passant par Stay on these roads ( dont je désespère d’entendre la cover de Jack depuis qu’elle a été retirée de la Blogothèque, chanson qu’il faut bien appeler leur chef d’oeuvre)).
Dans une chronique ricanante de Past Perfect Future Tense de Magne F (Les Inrockuptibles n° 514), Jean-Daniel Beauvallet condescend à reconnaître qu’il « repense avec tendresse » aux auteurs de Touchy mais ( et là il me déçoit ) il ne va pas au delà des clichés mille fois ressassés sur le trio d’Oslo ( « bons bougres blondinets des 80’s gommeuses »). En France, en 1986-1987, A-ha disposait d’à peine plus de crédibilité critique que Spandau ballet mais tout le monde ou presque s’extasiait sur l’album le plus plombant de la décennie, The Joshua Tree. Ca, c’était un disque crédible. Alors, qui croire ? Les Anglais, eux, n’ont pas attendu la collaboration d’Ed Harcourt avec Magne Furuholmen pour reconnaître les vertus cardinales des Norvégiens . Je me souviens d’une revue de singles du NME commentée par Julian Cope en mars 1991* et à l’époque, je n’en revenais pas de lire ça dans la presse sérieuse. Voilà en gros ce qu’affirmait le scouser : « A-ha are a great band. I bought that first single ‘ Take on me’ and I loved it. It was like something from a different age. Like 1962 and Del Shannon and all that. He has such a brilliant voice. And in all their records, there’s this underlying sorrow as if something been lost. I just wish people were open-minded enough to admit they’re good.” Edifiant ! Même dans leur évaluation du passé proche, ces gens ont au moins 15 ans d’avance sur nous.
Bon, ces choses-là étant dites, que vaut leur dernier disque, Analogue, paru en novembre 2005 dans l’indifférence quasi-générale** (soyons juste, Pop News lui a accordé une attention rare) ?
Analogue n’est de fait ni O.K Computer, ni même Scoundrel days si l’on s’en tient à leur aune. Et il faut l’admettre, les arrangements tendent plus vers Keane et Coldplay (en moins mainstream tout de même) que vers le Depeche Mode dernière manière. Les compositions, elles, piochent dans le filon Beatles mélancolique ( Keeper of the flame sonne d’ailleurs comme du McCartney Godrichisé ) mais si j’excepte Halfway through the tour sans reprendre à leur compte l’aspect expérimental des Fab Four. Et c’est d’ailleurs là que le disque frustre le plus : qu’ils soient devenus adultes, soit, mais pourquoi n’ont-ils pas profité de cette maturité nouvellement acquise pour prendre davantage de risques. Les teintes sont toujours automnales mais le lyrisme d’antan est souvent gommé au profit d’un vague à l’âme poli (les nombreuses intro clavier-guitares sèches en attestent). Heureusement, par deux fois (Make it soon et Birthright), Waktaar et Furuholmen emballent la machine et prouvent qu’ils ont conservé un peu de cette « oreille adolescente » qui avaient fait d’eux des songwriters passionnants. Se jouant d’un souffle qui semble inépuisable, Harket transforme le refrain de Birthright en quelque chose qui dépasse l’enjeu de ce disque, une catharsis proprement fulgurante qui vraiment impressionne.
* : Il s'agissait de la chronique du single Early morning
**: Je serai malhonnête si je ne designai pas le vrai responsable de ce billet: Indie-Boy traqueur. C'est lui qui en décembre m'a donné envie de reparler d'A-ha
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