Retour sur bilans

Au vu de tous les bilans lus sur les blogs ou dans la presse spécialisée, je sens bien que petit à petit, je repique au truc. Même si sur la liste des 15 meilleurs disques des lecteurs d’Interprétations diverses, je n’en ai réellement écouté que 5 et apprécié 2 ( le Stevens et le Franz Ferdinand ), j’ai maintenant envie de me botter le train pour ne plus être à la traîne des chroniqueurs.

Le début du millénaire avait coïncidé pour moi avec le formidable espoir suscité par le New acoustic mouvement ( je continue à tenir Quiet is the new loud pour un opus majeur) et l’électronica type Royksöpp. Depuis ce qui ne fut hélas qu’un feu de paille, peu de groupes ou d’individualités contemporaines avaient su me faire sortir d’une réserve polie . 2002-2003, à nouveau, je n’étais plus dans le coup et n’avais plus le cœur à y être. Je ne me sentais pas d’attaque pour un énième revival rock’n’roll. Trop vieux, trop chauve pour enfiler des boots ou des Converse grenadine ( quoique…). Bref, la vague des Strokes-Hives-Vines m’avait laissé échoué sur le sable. Je me repliai alors sur mes fondamentaux ( Abba- Bacharach- Smiths et Wilson) et négligeai l’immédiate actualité. Et puis fin 2004- début 2005, toute une série d’éléments concordants ( la bénédiction Soulseek, une platine vinyle tombée du ciel, le New Breakfast Club avec El Mariako, la prolifération des music-blogs de qualité ) m’ont redonné la niaque, l’envie d’en découdre avec des musiques actuelles.

Si je mets de côté quelques électrons libres fascinants comme les Fiery Furnaces Ep, le Grab that gun de The Organ ou le magistral Tales from Turnpike house de Saint Etienne, les disques pour lesquels j’ai souhaité le plus monter au créneau cette année peuvent se classer en trois catégories : l’électropop qu’elle soit downtempo ( Aswefall, Schuller et Minotaur shocks ) ou à la lisière du dance-floor ( Baxtendale découvert grâce à Magic, Anniemal, Witching hour de Ladytron ) ; le courant que je qualifierai de « twisted american indie » car moins formaté et pesant que le mouvement Americana, incarné cette année par Santa Cruz ( même s’ils sont français ), Excerpts from the diary of Todd Zilla de Grandaddy ( passé incompréhensiblement sous silence dans la plupart des médias francophones) et bien sûr Illinois de Sufjan Stevens (vous lirez ailleurs tout le bien qu’il faut en penser) ; la dance-pop ludique et volatile ( qui demeure la composante essentielle de mes compilations Forda Xanthia ), moins à l’aise en format long mais toujours aussi redoutable lorsqu’on aborde la rubrique singles, illustrée brillamment par les efforts de Rachel Stevens, des Sugababes ( les Girls aloud ayant été moins en verve cette année ( non, l’exploit de la face A de The sound of the underground n’a pas été renouvelé )) et de t.A.T.u (on est loin, je l’admets de l’orthodoxie « indie » but who cares ?), coupables sur leur deuxième album d’au moins deux titres honteusement jouissifs, Cosmos (Outer space) et Obizyenka Nol.

A l’inverse, certaines tendances lourdes de l’année 2005 ( dont d’ailleurs certains de mes lecteurs se sont montrés d’ardents défenseurs ) me laissent pour le moins circonspect. Je passe sur les bricolages « arty » type Arcade Fire qui ne m’ont pas convaincu, loin s’en faut mais c’est sûrement la tendance « bobo-néo-hippie » qui m’a le plus atterré cette année. On pensait s’être débarrassé du patchouli et des mantras mais on avait tort. Les maniérismes d’Antony and the Johnsons, la supercherie de Cripple creek et les couinements de CocoRosie ( enfin délivré de Bjork, voilà les sœurs Cassidy qui rappliquent ) nous ont salement rappelé à l’ordre. Il va falloir trouver un antidote et vite…

2006, we’re ready to start !