Décevant, le dernier album de Morrissey ? Oui, mais à quelle aune sachant qu’aucun des sept précédents n’avait vraiment rallié tous les suffrages ? Depuis Viva Hate, et à des degrès divers (Kill uncle et Maladjusted (très injustement) remportant la palme), les fans et les critiques n’ont cessé de marteler la même antienne : Morrissey déçoit. Mais la déception n’est-elle pas une sensation foncièrement « mozzerienne » (Disappointed, déjà en 1988) et le fan de l’ex-Smiths n’est-il pas connu pour être le plus masochiste de la sphère indé ? Alors, Ringleader of the tormentors décevant, si on y tient vraiment, oui. Les arguments, à nouveau, ne manquent pas : la pochette est une horreur (Morrissey en frac (un week-end à Rome et le voilà déjà Castafiore) prenant la pose sous un logo, imitation cheapos d’un label qui, lui ne l’était pas (Deutsche Gramophon)), sa nouvelle incarnation en bon samaritain « born again » n’est pas forcément ce qu’on pouvait rêver de mieux (l’auditeur, vicieux vampire, préfèrera toujours, venant de lui, le malaise et les imprécations aux cantiques et aux génuflexions) et, plus grave, ses textes ont perdu, pour une grande part, ce mordant et ce sens de la formule qui ont si souvent suffi à faire la différence avec la concurrence. Pourtant, et comme souvent, son épatante classe résiste. Pas sur Dear God, non, qui, et c’était prévisible, ne tient pas les promesses de son alléchante affiche ( après une entrée en matière à vous donner la chair de poule, le morceau en refusant le pathos d’ I know it’s over tourne vite en rond ). Mais bien plutôt en début de face B où l’idole mancunienne renoue avec ses vieux démons et du coup retrouve l’inspiration de Maladjusted, Trouble loves me, I have forgiven Jesus, How can anybody possibly know how I feel, All the lazy dykes pour ne citer que des hauts faits récents. Life is a pigsty (“ Last Night he dreamt that somebody could saved him”), I’ll never be anybody’s heroes now (plutôt que You have killed me, voilà le single qui s’imposait) et On the streets I ran ( avec son incroyable coda à l’urgence intacte :
“Oh dear God, when will I be where I should be
And when the palmist said
"One Thursday you will be dead"
I said: "No, not me, this cannot be
Dear God, take him, take them, take anyone
The stillborn
The newborn
The infirm
Take anyone
Take people from Pittsburgh, Pennsylvania
Just spare me!"
permettent de réaliser une évidence qu’on a parfois tendance à oublier lorsque les morceaux traînent un peu la patte (comme en fin de première face) : qu’en matière d’autorité vocale, de projection, de phrasé et de diction, Morrissey continue à largement dominer les débats ( et que ceux qui sont convaincus du contraire aient l'obligeance de se faire connaître).
P.s : La Blogothèque, dans un billet très réussi, tente de trouver une issue de secours à la carrière du Moz. Personnellement, je n'ai rien contre la figure de parrain qu'il avait adopté sur You are the quarry. Reste maintenant à composer un album de ce calibre-là :
Monday, April 03, 2006
Truly disappointed ?
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4 comments:
Je ne l'ai écouté que trois fois cet album, car je me prépare à le découvrir en concert. J'avoue que fan avant l'heure des smiths, et du Mozz par la suite, je reste quand meme un peu déçu de cet album, qui me parait bien enfantin.
personnellement j'ai effectivement été "déçu" simplement parce que je le trouve moins bien que You are the quarry qui annonçait un retour en force et en beauté, mais pour autant ringleader est un bon album. Je sais pas si t'as vu mais y'a une polémique sur le fait que Morrissey "pète un peu les plombs" en boycottant le Canada à cause du massacre des bébés phoques. On lui reproche de s'insurger étrangement contre un pays entier en omettant les bêtises ke font les autres pays (auquel cas il devrait boycotter le monde entier)
C'est ce que j'aime en lui. Jamais là où on l'attend (qui, il y'a de cela dix ans aurait pu l'imaginer en icône des bikers angelenos ?) et toujours prêt à braver les moulins à vent.
Pour ma part je trouve cet album au dessus de You Are The Quarry qui malgré plusieurs sommets (I Have Forgiven Jesus, Let Me Kiss You) souffrait d'un cruel manque de cohérence. Que ROTT ne soit pas parfait n'est pas bien grave à mon sens, car il contient un chef-d'oeuvre comme El Moz n'en avait pas chanté depuis... depuis quand au fait ? Depuis Speedway ? Il s'agit bien sur de Life Is A Pigsty. A Paris comme à Bruxelles, j'y ai laissé quelques larmes.
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