Tuesday, May 01, 2007

Anita


Il faut se faire une raison, les chanteuses d’opéra n’ont pas toujours ressemblé à des gravures de mode. A la fin des années 50 et au début des années 60, hors Callas, l’adéquation physique entre les grands personnages lyriques et les cantatrices chargées de les incarner était loin d’être une priorité. Les mensurations d’Ebe Stignani, de Renata Tebaldi ou de Fiorenza Cossotto ne se limitaient sûrement pas à des bonnets A ou B et les grisettes avaient souvent des allures de rombières. Aujourd’hui, la diététique et le fitness sont passés par là et les sopranos peuvent plonger dans le Tibre à la fin de Tosca sans risquer de rebondir par dessus le parapet (comme je l’avais vu faire dans un documentaire hallucinant, Opéra catastrophe). Anita Cerquetti, appartient évidemment à une autre génération. Elle n’était pas de celles qui eussent rechigné à reprendre une part de Tiramisu. Elle avait un sacré « coffre » et une plastique, hum, très particulière (cf. photo ci-dessus). J’apprécie plutôt mais je ne vous oblige pas à m’emboîter le pas. Ne soyez pas surpris d’en avoir jamais entendu parler, sa carrière fut étonnamment brève, à peine une décennie. En 1960, elle renonçait à tout engagement sans qu’on ne sut jamais réellement la cause de ce « lâcher d’éponge ». Deuil familial, problèmes de santé ou simplement « grosse fatigue », le mystère subsiste. D’elle, on ne possède en tout et pour tout que deux enregistrements officiels (une intégrale de Gioconda sous la direction du maestro Gavazzeni (1957) et un récital chez Decca (1957 itou)) mais les fans savent que les « pirates » ont pu conserver une petite dizaine de ses incarnations de légende : Aïda, Amelia, Norma entre autres. Dans ce répertoire-là, elle fut sans doute une des seules à pouvoir rivaliser avec Callas, son aînée de huit ans. Elle n’avait sans doute pas le génie dramatique de « la Grecque » mais en endurance, en franchise dans l’émission, en beauté du timbre, celles qui peuvent prétendre lui damer le pion se comptent sur les doigts d’une manchotte mutilée.
J’ai bien conscience, en écrivant cela, de m’adresser à des gens pour qui la découverte d’une prima donna « emperlousée » des fifties est loin d’être la priorité des priorités mais si vous pouviez ne serait-ce que tendre une oreille au lamento prodigieux de Madeleine de Coigny dans l’opéra de Giordano, Andrea Chenier, j’aurai l’impression d’avoir commis une vraie bonne action.

Avertissement : Le son de cette retransmission radio (1956) est très précaire, ce que n’arrange évidemment pas le format MP3 mais ce qu’on y entend devrait convaincre même les plus irréductibles de nos lecteurs.

La mamma morta (Giordano) interprétée par Anita Cerquetti

7 comments:

death said...

hum chez moi ton lien ne marche pas

Anonymous said...

Chez moi, non plus, ami Death. devrait être réparé sous peu !
Sonic Eric

coolbeans said...

Marche toujours pas ! J'étais pourtant prêt à faire l'effort ! ;-)

Anonymous said...

Patience, mon grand, la réparation est en cours ! Ce soir, après le débat, cela devrait être bon !
Sonic Eric

coolbeans said...

Et une bonne action pour toi, une !

Parisian Cowboy said...

le lien marche pas non plus ches moi.

Eric Aussudre said...

si, si ça marche !