Sunday, March 02, 2008

Le cavaleur


Petit à petit et c’est pas trop tôt, les comédies françaises estampillées Gaumont des late seventies sortent de leur purgatoire VHS et remontent à la surface DVD. Après Alexandre le bienheureux en 2007 (dont Mariaque vous a dit tout le bien qu’il fallait en penser), c’est au tour du Cavaleur de disposer d’une édition correcte, ruinant ainsi les spéculateurs sur cassettes. Ne nous appesantissons pas sur les suppléments, TF1 vidéo ayant opté pour une édition basique avec simplement la bande annonce du film. C’est regrettable, d’autant plus qu’en dehors du metteur en scène et du dialoguiste, tous les acteurs sont encore en vie (même Jean Desailly, 88 ans cette année !) et auraient pu délivrer quelques anecdotes savoureuses sur le tournage. Bon, après avoir mis ces regrets dans la poche, il reste à voir un film terriblement attachant, moins piquant peut-être que l’autre grande collaboration Audiard-De Broca mais d’un charme fou même si, ne nous le cachons pas, il joue un peu avec la nostalgie qu’on peut avoir de cette époque . Edouard Choiseul a aucun mal à garer son break Volvo Place des Victoires, il fait l’aller-retour Chevreuse- l’île aux moines dans la journée sans se soucier des émissions de gaz à effet de serre et les tribulations sexuelles des différents protagonistes se passent allègrement de la prophylaxie. Le début, où un Jean Rochefort survolté vole de rendez-vous secrets en séances d’enregistrements, de week-end avortés à Chamonix en soirées cabarets évoque irrésistiblement l’Incorrigible (1975) et les débordements histrioniques de Victor Vauthier. Mais le temps passe et Edouard Choiseul, le pianiste virtuose, séducteur impénitent sans doute un peu l’alter ego de DeBroca, découvre que les succès amoureux peuvent parfois se payer cash conjugalement parlant. La comédie débridée fait alors place à une méditation douce-amère sur le vieillissement et le bonheur qui refuse de faire des heures supplémentaires (Mais ici, on est chez De broca et rien n’est surligné à l’image de cette magnifique séquence métaphorique dans la Roseraie avec la première initiatrice d’Edouard, Suzanne (délicieuse Danielle Darrieux, 62 ans qui en paraît 45)). Audiard a mis au rancard son impayable exubérance lexicale et sentant peut-être lui aussi venir la fin (il mourra un lustre plus tard), resserre son talent en de très jolies formules ( « tu es comme un coup de vent qui passe sur l’eau. Tu laisses des rides » assène Lucienne à l’inconséquent dandy moustachu). Rochefort est à l’unisson des deux compères, éblouissant dans les moments de baraka et toujours digne même lorsque sa bonne étoile l’abandonne. Comme c’est souvent le cas pour ce type de productions, les seconds rôles sont eux aussi aux petits oignons. Citons simplement Jacques Jouanneau, inneffable en quincailler, pianiste frustré et Serge Coursan, l’oncle entreprenant de Valentine.
Si ce n’étaient les brushings de Catherine Leprince ou de Nicole Garcia, bien passés, eux, j’aurai tendance à parler de patine pour ces films qui longtemps ont été caricaturés par la critique en films tout juste bons à divertir le populo le dimanche soir. Et si, comme l’affirmait Gide dans un autre contexte, « la patine était la récompense des bons films ».

P.s : Juste après que Marie-France a quitté l’époux volage, celui-ci joue en concert un morceau qui me semble être du Delerue. En effet, on y retrouve son inimitable patte, sentimentale et straussienne. Ce thème réapparaît à la fin du film, joué par le petit prodige fils du quincaillier qui, en étant mis en lumière, donne à Edouard la chance d’ une inattendue rédemption. Quel dommage, si cette mélodie est bien du maître roubaisien comme je le crois, qu’elle n’apparaisse pas sur le remarquable cinéma de Philippe de Broca en lieu et place d’un extrait du concerto pour piano n°4 de Beethoven. De la grande musique d’accord mais qu’il est si facile de trouver ailleurs alors que la composition de Delerue, c’est moins évident !

P.S2 : Monsieur Universal ou Monsieur TF1 vidéo, encore un effort, il reste encore tant à rééditer. Et en priorité, pour rester dans une thématique proche, Courage fuyons d’Yves Robert(1979 aussi)

1 comment:

Anonymous said...

ah! nous sommes nés trop tard! Il ne reste plus qu'à goûter à la mélancolie qui imprègne les films de ces années, cette espèce de gaieté triste que tu définis si bien.
L'Odn