Pas étonnant qu’Ally ait sombré dans la dépression médicamenteuse vu le nombre de panouilles qu’on lui faisait tourner après The Breakfast Club. St Elmo’s fire n’était déjà pas bien bon mais Short circuit c’est carrément indéfendable. Un scénario indigent (un robot devient capable d’émotions humaines suite à une électrocution accidentelle), des partenaires lamentables (Fisher Stevens fait une caricature d’indien libidineux et trouillard limite raciste et Steve Guttenberg est peu crédible en hacker dépassé par sa propre création) et un propos déjà vu et entendu ailleurs en mille fois mieux ( l’alien capable d’émotions humaines (E.T), le robot farceur (R2D2 dans Star Wars) et des militaires bornés (le général Beringer du même Badham)).
Ally fait peine à voir, ne sachant que faire de ce rôle d’hystérique cyclothymique. Elle passe son temps à lever les yeux au ciel en signe de stupéfaction mais on est surtout ébahis de la voir aussi mal employée. Interviewée par Elizabeth Weitzman en août 1998, Ally reconnaît qu’Hollywood ne savait pas quoi faire d’elle après le film de Hugues, que son « fuckability quotient » n’était pas assez élevé pour faire d’elle une star à la Demi Moore ( son exacte contemporaine) et qu’elle-même s’était toujours sentie une outsider à Hollywood y compris dans la période Brat Pack. Pour beaucoup de ses fans et Ally évidemment, le film de Lisa Cholodenko High Art fut une authentique bouée de sauvetage après des années d’addiction au somnifère Halcyon. Ally s’est identifiée comme jamais au rôle qu’elle interprétait. Lucy Berliner, cette photographe erratique et héroïnomane qui refuse de rentrer dans le rang, c’était elle. Ally met tellement de cœur à prouver qu’elle peut jouer un vrai rôle adulte dramatique que le spectateur n’est pas toujours dans une situation confortable. Diction hachée, corps semi anorexique (la Liz de Sugartown se profile), t-shirt informe, on sent comme une rage d’extirper tout glamour de sa performance. La mise à nu à laquelle elle se livre ne laisse pas le fan indemne. On y perd c’est vrai (oubliées les bonnes joues et le sourire mutin, inoubliablement mutin de Wargames) mais on gagne une vraie prouesse de comédienne qui aurait pu et du lui procurer la fameuse statuette dorée.
Les scènes lesbiennes, pour moins subliment filmées que celles de Mulholland Drive, sont très touchantes et débarrassées de l’afféterie qui gâte souvent les classiques du genre. La photographie est splendide (ce qui est le moins pour un film clairement inspiré de la vie de Nan Goldin)et si je rechigne un peu , c’est uniquement parce que le film se prend terriblement au sérieux (comme s’il n’y avait pas d’accomplissement artistique possible sans souffrance visible).
High Art aurait du signifier un vrai rebond pour la carrière d’Ally mais hélas ce ne fut qu’un éphémère retour en grâce. Alors, bien sûr, on se console avec des apparitions dans des séries comme Kyle XY ou Crime scene Investigation ou avec des petites rôles mais Hollywood lui doit une vraie revanche crédible, ce que son prochain film ne semble pas forcément être.
7 comments:
Bien qu'insensible au charme d'Ally S., je suis touché par la lecture de tes récents posts, évidemment parce que j'y retrouve des émois semblables aux miens, mais aussi parce que je te trouve courageux de les mettre à plat.
Par courageux, je n'entends rien de très exceptionnel, si ce n'est qu'on est souvent mal à l'aise en société dès qu'il s'agit de faire partager ce genre d'expérience. Il est plus facile de se raccrocher aux égéries officielles, le genre Balibar pour les Inrocks (et son pendant masculin Mathieu A. comme idéal de khâgneux quasi-sexy) ou Scarlett Johansson plus concensuellement, que de dire simplement pour qui on a une faibless particulière.
Avec l'égérie officielle, on ne risque rien, on n'est pas sommé de se justifier - car il s'agit de ça, et quand par hasard on se laisse aller, c'est souvent sur le ton de la confession, même avec des amis.
A la longue, j'ai appris à ne rien dire, ce qui a fini par faire partie du plaisir nerdy de l'affaire.
C.
Je dois à mon tour te confier quelque chose, cher lecteur! Ce sont tes commentaires, toujours judicieux qui m'ont incité à aller plus avant dans l'exploration de la filmographie d'Ally. Alors merci!
Obnubilé par Ally comme j'ai pu l'être par Sinatra, il m'est pour le moment difficile de passer à autre chose. Si j'arrête là , ce n'est pas par lassitude mais parce que le reste est assez difficile d'accès (du zone 1 épuisé pour la plupart).
Ta marotte est charmante. Phrase à prendre dans ses deux acceptions.
Ally est charmante.
Et le désir retenu que tu entretiens à son égard et que tu nous narres de post en post l'est tout autant.
Comme l'a dit C., il est vrai qu'il est moins aisé de flancher pour une actrice somme toute peu médiatique et qui, hors des cercles cinéphiles, doit être peu connue (moi même oserai je le dire, à part War Games...), que pour disons (je prends mon cas personnel) des figures aussi tutellaires que Lauren Bacall ou Gene Tierney (Rosanna Arquette plus près de nous, mais je te concède volontiers qu'on change là de calibre).
Néanmoins, à la lecture de ta réponse au commentaire de C., je comprends que faute de filmographie, tu pourrais laisser là l'ouvrage et revenir à des sujets, disons moins personnels.
Je ne m'en réjouirai pas mais ne m'en plaindrai pas non plus.
RYS
Parmi toutes ces "girls next door" qui vous procurent quelque émoi, avez-vous réservé une petite place pour Lea Thompson ?
Tout à fait d'accord avec toi, Gatto.
Idem de Civil.
Pareil pour C.
A Sonic toutes nos félicitations pour ces confidences contagieuses.
Caro Gatto,
vous n'allez pas en croire vos oreilles mais je n'ai à ce jour pas encore vu un seul épisode de la saga Back to the future.
Scusatemi
Heuuu... Shame on me... J'ai abandonné High Art, le fait de ne pas tout comprendre me fait passer à côté de la subtilité du film... Ca aurai été une comédie romantique légère (genre Imagine me & you) y'aurai eu aucun problème mais là...
Désolée...
Pluck
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