Les enfants maltraités n’en finissent jamais d’expier le crime de leurs pères. Michel Del Castillo quémanda jusque sur son lit de mort à son géniteur un regret pour l’avoir abandonné, lui et sa mère dans un camp de concentration pour réfugiés espagnols (De père français). Qui évidemment ne vint pas. Frank Ribault dans Ce père que j’aimais malgré tout fouille le passé de son bourreau pour tenter incroyablement de justifier la violence et les carences affectives dont il fut victime. Brian Wilson dût passer entre les pattes du psychanalyste Eugene Landy pour se défaire du traumatisme d’une enfance saccagée par un père tyrannique, injuste et brutal (Dennis, lui, coulera avant de pouvoir remonter à la surface). Marvin Gaye tenta toute sa vie d’évacuer le fantôme d’un père abusif, prêcheur le jour, brute jalouse et odieuse la nuit pour finalement tomber sous les balles de celui à qui il devait la vie, le premier avril 1984. Le e conclusif était là pour tirer un trait sur ce passé douloureux avec Marvin Senior. Mais il fallait plus qu’un changement d’état-civil pour effacer les marques de l’enfance. Peut-être jamais plus nettement que sur His eyes is on the sparrow ressent-on le terrible combat auquel dut se livrer le sexual healer. Sur ce gospel enregistré à l’occasion de la mort de la sœur de Berry Gordy, le boss de Tamla-motown , Marvin se livre à un magistral prêche (un truc propre à rendre Michel Onfray grenouille de bénitier), reprenant la tradition paternelle tout en pointant les manques de son créateur.
Why should I feel discouraged, why should the shadows come,
Why should my heart be lonely, and long for heaven and home,
Since Jesus is my portion, My constant friend is He:
His eyes is on the sparrow, and I know He watches me;
His eyes is on the sparrow, and I know He watches me.
Alors que David Ritz lui exprimait sa surprise de ne l’avoir jamais vu se rebeller contre la religion de son père, Marvin lui expliqua : «I could see the truth not in father’s example but in the words he preached ». L’oisillon qui cherche du réconfort, c’est Marvin et le constant friend, c’est Jesus, pas ce père querelleur et envieux. Lorsque Marvin eut perdu jusqu’à cette lumière au fond du tunnel, la seule chose qui lui resta fut le choix de sa mort.
« I have no doubt that this is exactly how Marvin chose to die. This way, he accomplished three things. He put himself out of misery. He brought to Mother by finally getting her husband out of her life. And he punished Father, by making certian that the rest of his life would be miserable. I do believe that Marvin was very crazed and disturbed, but event at that point, in his own way, my brother knew just what he was doing. »
Jeanne Gay, sœur aînée de Marvin.
2 comments:
Et pourtant, n'est-ce point cette quête de résilience même qui a fait des hommes que tu cites des artistes si précieux ?
Certains deviennent des monstres qui reproduisent ce qu'ils ont vécu sur leur propre progéniture. Eux transformèrent leurs plaies béantes en oeuvre artistique indispensable.
La résilience, Marvin ne la trouva jamais complètement.
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