Si ça vous adonne, Coeur de Pirate

Peut-on raisonnablement parler d'une chanteuse après que l'Express a choisi de l'évoquer sur son site Internet ? J'en doute et pourtant, il me faut revenir sur cette toute jeune chanteuse (quelques mois de plus que mon fils) qui nous gratifie d'un disque terriblement envoutant malgré une palanquée de défauts qui chez d'autres seraient parfaitement rédhibitoires (une diction limite, une certaine uniformité de climats (de petites ritournelles au piano progressivement étoffées par un orchestre) et des textes qui flirtent souvent avec l'écriture automatique (le premier couplet d'Ensemble...)). Mais voilà, toutes ces réserves s'effacent devant le charme ravageur de la jolie Béatrice Martin. Comment ne pas succomber devant tant de naturel, devant ce mélange de candeur désarmante (Berceuse) et et de blessures indicibles (Corbeau), devant ce timbre acidulé et ces mots qui sonnent par moments si juste (pour un infidèle). Même cette émission dans les joues devient un blason pour la postérité (comparez avec les artifices et le manque de naturel du premier single d'Amandine Bourgeois pour saisir ce qui différencie une artiste d'une contrefaçon faisandée). La réussite la plus prometteuse ne se trouve pourtant pas sur ce premier disque mais sur un sampler Inrocks (merci mon Gui), c'est ce duo avec Julien Doré (Jimmy Hunt ne peut tout simplement pas rivaliser avec le mentor du Jean D'Ormesson disco suicide), Pour un infidèle, l'alliance parfaite du roué et de la fausse ingénue, de la corruption et de l'insouciance.
P.S : A écouter en relisant Paul à la pêche et en attendant la sortie imminente de Paul à Québec (jusqu'à quand les lecteurs français de Rabagliati vont-ils être privés de cette formidable bouffée d'humanité?)