Thursday, April 08, 2010

He's the man

Rarement coffret n'aura aussi bien porté son nom : Marvin Gaye - The Master. Maître chanteur, maître en harmonies et maître en composition, ce que l'on néglige trop souvent. Il a peut-être moins composé que d'autres au sein de la Motown (si on le juge à l'aune d'un Smokey Robinson notamment) mais les titres qu'il a écrit, seul ou en équipe, ont contribué à l'aura inoxydable de la firme de Detroit (Dancing in the streets, Mercy, mercy me, The bells pour The Originals, When did you stop loving me when did I stop loving you parmi tant d'autres).
Maintenant, il est évident que ce type de coffret laissera toujours le fan (et Saint-Médard d'Aunis peut se targuer d'en posséder un vrai de vrai) circonspect. A quoi bon thésauriser une énième fois une collection de titres déjà parfaitement connus et acquis ? 80 % de ce coffret était déjà disponible et quant au reste, il s'agit bien souvent de prises alternatives, rarement supérieures aux originaux. Alors quoi ? Pourquoi s'attarder sur un coffret dont la première mouture date de 1995 ?
D'abord pour les notes de David Ritz, le formidable auteur de Marvin Gaye : A divided Soul (un des rares livres qui ne quitte jamais ma table de nuit). fan transi et néanmoins lucide (il n'a jamais caché l'ingratitude légendaire de Marvin pour ses collaborateurs). Ritz axe sa (hélas trop courte) notice sur le conflit entre spirituel et temporel dans l'oeuvre de ce fils de pasteur. Disons qu'il enfonce le clou de sa biographie mais comment ne pas lui emboîter le pas lorsqu'on écoute et réécoute le maître. Qui, je vous pose la question, a mis autant de chair dans son gospel (éclaboussant His eyes is on the sparrow) et autant de ferveur dans ses appels au stupre ?
Et puis aussi pour la poignée de vrais inédits qui jalonnent ce coffret et qui justifient tous les excès pécuniaires en particulier le dyptique Piece of Clay , I'm going home enregistrés en marge de son album en duo avec Diana. Piece of clay, composé en partie par Gloria Jones (non, nous ne parlerons pas de son illustre compagnon!) voit Marvin affronter les fantômes d'une éducation sectatrice et brutale alors qu' I'm Going Home voit l'enfant prodigue retrouver le cocon familial. Piece of clay n'est peut-être pas une foudroyante révélation mais I'm going home est un blues hanté sans véritable refrain (on n'est pas loin de la jam de studio) mais aux modulations mineures saisissantes.
Pour Daniel comme pour Philou et les autres, il paraitra superflu d'écrire que cette anthologie ne dispense en aucune façon de se procurer tous les trésors enregistrés par le maître (liste sur simple demande) et de ne négliger ni ses albums de duos ni Vulnerable ni Live at the Copa.

1 comment:

daniel said...

Je me suis permis de reproduire ton billet sur notre blog ( en citant mes sources , bien évidemment ); je ne sais pas parler de Marvin Gaye . Tu le fais très très bien .
Merci !