Sur le tard, Rod Stewart en a fait son fonds de commerce. Avec un succès mitigé. George Michael s'y est essayé une fois ou deux et il a bien surpris son monde. Rufus Wainwright a ça dans le sang et dans la voix. Morrissey aurait tout pour y être fulgurant. Elvis, s'il l'avait vraiment abordé sérieusement en aurait déclassé plus d'un et Dylan, qui n'avait pas la voix pour ça y a souvent puisé son inspiration. Au creux de la vague, Linda Rondstadt y a vu une planche de salut et Robbie Williams, en taquinant ce répertoire a endossé un costard trop grand pour lui. Ceux qui ont les yeux qui scintillent lorsqu'on parle de Cole Porter, de Jimmy van Heusen, de Johnny Mercer ou bien de Burt Bacharach savent que le Great American Songbook est impossible à chanter si on ne sait pas chanter et que même ceux qui savent ne sont jamais sûrs d'y réussir. On ne peut pas s'intéresser à la musique américaine d'avant Heartbreak Hotel sans y être un jour confronté. Broadway, Hollywood, Tin pan Alley, jazz, pop, swing, il y a un peu de tout ça dans le G. A. S et il est difficile d'en donner une définition précise.
Parmi les artistes ayant contribué à la richesse de ce répertoire, Hoagy Carmichael occupe une place à part. Né dans une famille d'artistes bohème, il est contraint au sortir de l'adolescence d'occuper différents petits boulots (mécanicien, tueur dans un abattoir) pour aider les siens à joindre les deux bouts. En 1918, faute de pouvoir s'offrir un médecin compétent, ses parents voient la petite soeur d'Hoagy décéder d'une mauvaise grippe. Il se jure alors de ne plus jamais être dans le besoin. C'est la raison pour laquelle il met de côté une carrière de musicien pour se lancer dans des études de droit. Mais, las, l'attrait de la musique est trop fort et stimulé par son amitié avec le grand cornettiste Bix Beiderbecke, il repique au piano. C'est en 1927 que sa carrière décolle avec la composition de son premier grand succès : Stardust. Ce morceau, sublime, touche au coeur de nos rapports (du moins, je pense, beaucoup d'entre nous) avec la musique. Une femme nous a quittés en nous laissant comme souvenir d'elle une simple mélodie et la réapparition de ce fantôme musical nous plonge dans une douce nostalgie. Un thème souvent traité mais rarement de manière aussi prégnante que dans ce titre d'Hoagy Carmichael. Choisir trois versions parmi les milliers de Stardust enregistrés depuis 1927 est fatalement cruel. Pour mon goût personnel, trois miracles méritent d'être portés à votre connaissance :
- la version instrumentale d'Erroll Garner (guettez l'apparition du balai sur la batterie à la quarantième seconde !)
- la leçon de chant de Nat King Cole (le semi parlando de l'introduction est à tomber) accompagné par Gordon Jenkins
- le single de Bing Crosby (1931), moins suave et plus rapide que Nat, mais avec un sifflement irrésisitible à la fin.
Wednesday, September 22, 2010
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1 comment:
salut Eric,
ça fait plaisir de te revoir écrire sur la bonne musique!
concernant Stardust, j'aime beaucoup la version de Willie Nelson sur l'album du même nom, un album sur lequel le grand Willie reprend plein de chansons du fameux G.O.S.
Je recommande personnellement l'écoute de ses version de Unchained melody et Little things mean a lot.
A noter que ce disque fut un carton au Etats-Unis, il fait figure de classique là-bas.
http://www.youtube.com/watch?v=1ucktDN6-g0&feature=related
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