Saturday, June 25, 2011

John Grant


On devrait toujours écouter ses amis mais on fait le fier pensant tracer son sillon seul, sans l'aide des copains. Et c'est évidemment un grand tort ! En juin 2008, The man formerly known as Coolbeans dans son fort regretté blog A tombouctou sans mariachis nous entretenait de l'urgence qu'il y avait à ne pas passer outre The Czars et la poignée d'albums séminaux qu'ils produisirent au cours de la décennie précédente, c'est-à-dire il y a un siècle. Mais voilà, obnubilé par nos marottes d'hier ( Vous avez dit Franky& Marvin?), nous nous étions refusés à écouter la vérité qui venait d'Argenteuil : The Czars étaient peut-être le groupe le plus à même de nous réconcilier avec notre époque. La raison ? John Grant, un nom qui sonne comme un président, une voix qui résonne comme personne. Même si il n'abuse pas des possibilités inouïes de cet organe (c'est justement ce qu'on aime chez lui, le refus de l'étalage, la puissance contenue), l'étendue des registres impressionne et fait la différence, toute la différence avec la concurrence pépiant dans le marigot indé. C'est fondamentalement un baryton mais sa voix de tête d'une douceur presque irréelle (le début de goodbye) lui permet d'atteindre des notes très hautes sans que la justesse en pâtisse.
Ce qui fascine hautement chez lui, et qui n'est pas ce que nous chérissons le moins, c'est cette capacité à dompter une incroyable versatilité (il s'est attaqué au great american songbook sur Sorry if I made you cry après avoir flirté avec le shoegazing, le prog (la flûte finale d'I wanna go to Marz toute droite sortie de Nursery Crime) et avoué son admiration pour la soft pop d'Abba et des Carpenters (influence décelable au détour de Where the dreams go to die et Sigourney Weaver) pour créer une œuvre intensément personnelle. Rendons grâce aux membres de Midlake d'avoir su s'adapter au génie parfois ombrageux de Grant qui lui fit connaître des moments compliqués avec les Czars. Son disque solo (camouflé en Queen of Denmark) fut à juste titre salué comme un classique instantané par le magazine Mojo et les Inrockuptibles furent bien inspirés en parlant de lui comme l'un des plus grands songwriters américains actuels. Pourrait-on juste leur suggérer d'arrêter leurs petites piques à deux balles sur les effets supposés de l'influence d'A-ha sur les productions futures de l'ex-czar (ce dernier avouant et cela me touche beaucoup avoir beaucoup appris des norvégiens ces derniers temps!) ? Avec un esprit moins borné, ils auraient pu constater à quel point Morten et John partageaient la même capacité à libérer l'auditeur de ses attaches terrestres.
The Czars : Drug

1 comment:

coolbeans said...

Oui, voilà... c'est tout à fait ça. :-D