*attention spoilers*
Il y a dans le deuxième épisode de Misfits une séquence étonnante qui, à elle seule, suffit à justifier l'engouement pour cette série britannique originale. Nathan, le héros de la série, est un petit délinquant effectuant des travaux d'intérêt général en compagnie de quelques zozos de son acabit. La foudre les surprend et confère à chacun d'eux un super pouvoir (ce que chacun découvre dans l'épisode initial à l'exception de Nathan). Dans le second épisode, Nathan et ses "collègues" sont chargés d'égayer le thé dansant de pensionnaires d'une maison de retraite. Nathan fricote avec l'une des employées de cet établissement et se retrouve, après quelques péripéties dans son lit. Jusque-là, rien que de très banal. Mais cette jeune employée, au demeurant fort jolie, a elle aussi connu les affres de la foudre et s'avère en fait une sympathique octogénaire à qui l'orage a permis de renouer par intermittences avec ses jeunes années. En plein transport, Nathan découvre qu'il est chevauché non par une affriolante blondinette mais une femme d'un âge respectable. Cette image, même si elle apparaît très furtivement, d'une octogénaire se livrant à des ébats est suffisamment exceptionnelle pour attirer toute notre attention. La nudité et la sexualité des vieux est l'un des derniers tabous de notre société et qu'une série, à priori destinée à un public d’adolescents et de jeunes adultes s'y colle (même brièvement) m'a semblé relativement audacieux. De plus, et la photo l'atteste, il ne s'agit pas de plans cachant avec tact les ravages de l'âge (ce n'est ni Charlotte Rampling dans Vers le sud ni Bulle Ogier dans Les petits ruisseaux). Non, les plis, les rides sautent au visage et, Nathan lui-même, face à cette vision pour le moins surprenante, préfère abandonner la partie et aller se cacher dans les toilettes. Me vint alors à l'esprit les mots de Houellebecq s'insurgeant dans La possibilité d'une île contre le cinéma de Larry Clark et sa société de "kids définitifs". "Dans le monde moderne, on pouvait être échangiste, bi, trans, zoophile, SM, mais il était interdit d'être vieux". Ce qu'il y a de beau dans cette scène, c'est la vision d'un désir féminin qui va au delà de la date limite que le cinéma ou la télévision lui assigne d'habitude. Cette femme, en plein syndrome de Jocaste, profite du super pouvoir (et quel super pouvoir !) qui lui a été octroyé pour séduire un "beau gosse" qu'elle imagine plein d'ardeur (elle sera d'ailleurs légèrement déçue sur ce point) et jouir à nouveau. Cette revendication et sa représentation font passer un vrai souffle émancipateur dans le cadre formaté des séries télévisées. Alors, bien sûr, à la fin de l'épisode, la volcanique panthère grise aura retrouvé son fauteuil et ses pantoufles et Nathan, rassuré, pourra lui passer une main bienveillante dans les cheveux. Mais avant que tout ne rentre dans l'ordre, un trouble, un frisson sera passé qu'on est pas près d'oublier.
Saturday, July 16, 2011
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3 comments:
"ce n'est ni Charlotte Rampling dans Vers le sud ni Bulle Ogier dans Les petits ruisseaux"
Non effectivement, il s'agit de Brigitte Bardot qui a décidé de renouer avec la caméra
Je comprends pourquoi j'ai eu la peur de ma vie quand j'ai vu cet épisode !
Trêve de plaisanterie, cette série est une vraie bonne série, comme beaucoup de productions anglaises depuis quelques années (Dr Who, Life On Mars, ou plus récemment Sherlock...).
Ce qui me désole d'autant plus de voir le niveau des production françaises incapables de se mouiller (à par sur Canal je crois, mais j'ai pas Canal alors je ne m'avancerai pas plus !).
Oui sans doute la scène la plus marquante d'une série très réussie, mix heureux entre Heroes et Skins.
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