Thursday, June 09, 2011

Portrait du pompiste en vieux chien errant


Aux Editions D'ores et déjà vient de paraître un recueil de poèmes de mon ami Alain Bouvier : "Portrait du pompiste en vieux chien errant ". Voilà la préface qu'il m'a demandé de lui écrire :

"Au kilomètre 137 de l’autoroute A10 en direction de Paris sur l’aire de Vilaines la Gonais vit et travaille depuis 32 ans Alain Bouvier. Dans la petite boutique Shell derrière la caisse enregistreuse ou près des pompes à essence s’ébat un oiseau rare. Même les Parisiens impatients et les VRP grincheux ne peuvent rater sa bobine. Deux grands yeux amusés, un visage attendri planté sur une carcasse un peu lasse et un mot pour chacun. Un enfant dans un corps d’adulte. Mais j’insiste, d’adulte, il n’a que le corps. Le pompiste matinal n’a jamais abdiqué sa part d’enfance. Tantôt «Guy l’éclair » sauvant la planète à bord d’une fusée de fortune, tantôt Joe l’indien échappant aux cow-boys de la Rue Florant, il n’a pas, comme tant d’autres laissé ses chimères au clou.

Toutes les saloperies qu’il faut condescendre à commettre lorsqu’on veut réussir sa vie l’ont épargné. Alain Bouvier ne s’est pas « carapaçonné » en devenant grand. Ce qu’il y a perdu en quiétude, il l’a gagné en imagination. Un nuage au loin, une femme qui passe, un sein qui se devine et c’est un monde à refaire. Las des prudents, il se désespère comme celui auquel il emprunte ses têtes de chapitre, Jean-Marc Rouillan, de la «survie de doryphore» auquel le système nous condamne. Toujours l’indien qui refuse de finir, maté, dans une réserve. Et qui rêve de changer l’ordre du monde, un monde dont il aime à penser que seuls les femmes et les artistes peuvent encore le sauver.

Les artistes, Alain en a croisé des dizaines sur son aire d’autoroute. Entre une averse et un plein de super, il leur a parfois proposé un des ses livres ou un café et toujours offert un sourire. Il s’était promis de ne jamais effacer ces rencontres. Aujourd’hui, en prose, en poèmes ou en aphorismes, il s’acquitte d’une dette et en même temps nous offre un formidable autoportrait, celui d’un «desperado de série z», d’un «raté réussi», d’un homme enfin qui se donne le droit de rêver. Et donc d’aimer."

1 comment:

Anonymous said...

Chapeau Bas !

A quand un recueil de préfaces signées Eric Aussudre ?

Krapulax