Sunday, April 22, 2012

The Beach Boys Today !

C'est quand même amusant d'intituler un disque Today! pour un groupe qui n'a jamais vraiment été "hip" (même en 1963 et malgré les déclarations d'intention d' I get around) et qui finira les années 60 en vrais has been (tout le monde pointant leur absence catastrophique au festival de Monterrey (chez eux pourtant ou presque)). Ils ont raté le coche du flower power et les photos de Mike Love, déjà dégarni avec des colliers de fleur ne trompent personne. En fait, dès Today! (et le point d'exclamation n'y peut mais), il y avait des signes avant-coureurs de cette course perdue à la "coolitude" (affreux mot, j'en conviens). Sans leur demander d'être sapés comme Steve Mc Queen, ils auraient quand même pu soigner davantage leur look. Des pulls mohairs au bord d'une piscine, ça n'a vraiment l'air de rien et la comparaison avec les photos de studio des Byrds, leurs presque exacts contemporains est d'une terrible cruauté. Et pourtant, aussi peu in soit-il, The Beach Boys Today! est à tomber.
Today n'est pas à prendre ici dans un sens d'actualité discographique mais plutôt comme un message de Brian Wilson au monde : "voilà où j'en suis aujourd'hui. J'ai arrêté la scène pour me consacrer à mon travail de producteur et d'artisan pop et si vous êtes vraiment intéressés par la musique, vous devriez aimer ce disque". Hanté par le vieillissement (on parle d'un type qui n'a pas 25 ans!), la perte de l'innocence, les difficultés de communication dans le couple, la compétition avec les Beatles (mais pas que, Spector aussi), Brian prend son monde de vitesse et signe un joyau où la face censément upbeat est truffée de chausses-trappes mélancoliques (When I grow up) et où la face mélancolique est une prodigieuse préfiguration de Pet Sounds (peut-être supérieure car on n'y sent moins la volonté  de faire date).
Et sur ce sommet, il y a deux everests : Please Let me wonder et She knows me too well. On passe son temps sur ce blog et sur d'autres à dire du bien de nouveautés pour ne pas trop donner l'impression d'être un vieillard moisi. Mais She knows me too well, quoi ! Y a quoi au dessus ?
 Une des dernières occasions de profiter du falsetto sublime de Brian avant qu'il ne passe la main pour le lead vocal à Carl. Quant à Please let me wonder, c'est tellement miraculeux d' ingénuité non feinte, d'inadaptation émotionnelle (plutôt que de fondre sur l'objet désiré, le type de la chanson choisit de se recueillir en signe de gratitude (pas sûr d'ailleurs que la fille n'ait pas déjà tourné les talons)), tellement Brian Wilson en un mot qu'il  faudrait être un sniper norvégien pour ne pas être touché.

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