Saturday, August 28, 2021

Someday When We Meet Up Yonder

 Dans la nuit du 15 au 16 août 1977, Elvis, comme chaque nuit ou presque n'arrive pas à trouver le sommeil. Tétanisé par le fait de reprendre la route le lendemain, traumatisé par la sortie du livre de deux de ses gardes du corps qui racontent par le menu sa délirante pharmacopée, le spectre de Graceland n'a plus que quelques heures à vivre. Piégé par une addiction sans précédent aux antalgiques, il demande à un des rares proches qui n'a pas encore quitté le navire d'aller lui dévaliser une pharmacie de nuit en codéine. Pour faire passer la douleur (principalement dentaire cette nuit-là)
, il décide de faire une partie de racquetball avec son cousin Billy. Vite essoufflé, la partie devient vite une balle au prisonnier anarchique et Elvis reproche à Billy de frapper trop fort. Reproche auquel celui-ci répond : Si ça ne saigne pas, c'est que t'as pas mal. Puis, dans le salon attenant au gymnase où le King a fait installer un piano, il se met à jouer quelques titres adorés et termine par le sublime standard popularisé par Willy Nelson, Blue Eyes Crying In the Rain (dont quelques mois auparavant et quoiqu'en dise Peter Guralnick, il a livré une version définitive). Personne parmi la dizaine de fidèles qui gravite encore autour de lui à Graceland ne se doute qu'il chante là pour la toute dernière fois. Il feuillette un livre sur le saint-suaire du Christ (il n'y a pas de hasard) puis va se  coucher non sans avoir pris une certaine dose de médicaments. C'est Ginger Alden, sa dernière maîtresse, qui le trouve en début d'après-midi aux toilettes sans connaissance, baignant dans les immondices. Il est transporté en urgence au Memorial Baptist Hospital de Memphis mais malgré tous les efforts des soignants, la mort est prononcée par le docteur Nick à 15h30. De partout les réactions affluèrent mais parmi ses condisciples chanteurs, seul James Brown fit le voyage jusqu'à Memphis et resta quelques minutes seul à seul avec le défunt dans la chambre mortuaire. Mais la réaction la plus marquante fut sans doute celle de Bob Dylan, dont on oublie souvent qu'il fut une des premières idoles : “I went over my whole life. I went over my whole childhood. I didn’t talk to anyone for a week after Elvis died. If it wasn’t for Elvis and Hank Williams, I couldn’t be doing what I do today.”

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