Le Mariaker, toujours avisé lorsqu’il s’agit de courir la bonne affaire, m’avait prévenu : « va faire un tour aux Cœurs a**iques, ils ont parfois des arrivages surprenants ». Jusque-là, j’avais surtout été épaté par le nombre effarant de 30 cm de Mireille Matthieu et de Tino Rossi que pouvaient receler leurs infâmes curvers. Mais les vrais traqueurs (je ne dis pas collectionneurs car cette engeance là me fait souvent fuir) savent que c’est au milieu des pires best of de Frank Pourcel que fleurissent les plus beaux collectors. Dans l’encore plus lugubre H***y Cash de la ZAC de Beaulieu, j’avais un jour trouvé le Mute des Catchers et chez ces mêmes Cœurs A**iques, j’avais déniché les Bb Sides de Bertrand Betsch, coincé entre Rozelyne Clarke et les 2be3 . Cette fois-ci, pas d’Odessey and Oracles en pressage original ni même un petit Joe Dassin en état décent (je ne sais pas ce que les gens qui déposent ici ont fait de leurs vinyles dans une vie antérieure mais la plupart semblent avoir servis de freesbees sur la plage de Châtel) mais une pléiade d’intégrales d’opéras à des prix défiant toute concurrence. Pour moins de 50 €, rien moins qu’Ariane à Naxos,Arabella, Le Chevalier à La Rose (bon, je sais , je l’ai déjà mais ma version fatigue), les Noces de Figaro (chic, la version Böhm 1967) Siegfried, Carmen, Tristan et Siegfried, et le tout dans des coffrets immaculés. Que s’est-il passé pour qu’un tel paquetage échoue aux Cœurs antiques ? A mon avis, un mélomane local avait du casser sa pipe récemment et la famille, peu versée dans l’opéra, s’était empressée de refourguer la camelote qu’elle estimait sans valeur au plus proche dépôt-vente. Stupéfait, j’interrogeais la tenancière du hangar quant au prix dérisoire de ces coffrets intacts (entre 3 et 5 euros avec à chaque fois les livrets d’origine) et elle m’affirma que « les disques étaient là depuis décembre et que personne n’avait éprouvé jusque là le besoin de les sortir des curvers. Mon bon monsieur, le classique, ça n’intéresse personne, même à un euro, les gens n’en veulent pas ». Ô joies de la province ! Tant de trésors pour à peine le prix de Need for speed carbon sur PS2 au Carref*** tout proche ! Si, à seize ans, au moment où je n’écoutais quasiment que du lyrique, j’avais eu ces occasions-là entre les mains, je crois que j’urai été sur le point de défaillir. Je me rappelle qu’à cet âge, ma passion pour les disques d’opéra virait carrément à la monomanie. J’écoutais la tribune des critiques de disque sur France Musique, je truffais mes rédactions de citations de livrets, j’avais des photos de Georges Thill dans ma chambre et je gravais Verdi et Strauss sur les tables du Lycée Edouard Vaillant . Aujourd’hui, c’est vrai, j’écoute plus rarement des opéras en intégrale mais je reste un client sérieux pour une bonne partie du répertoire (il me suffit d’entendre le Trio de l’acte 1 du Trouvère, celui où le Comte de Luna surprend Leonora et Manrico et je me lève comme un seul homme, le poing sur la poitrine) et puis évidemment comme pour la musique populaire, la voix, les voix continuent à me transporter (Schwarzkopf, Callas bien sûr, Lucia Popp, Carlo Bergonzi, Anton Dermota et tant d’autres).
Saturday, February 17, 2007
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9 comments:
Belles trouvailles, pour sûr ... mais ne compte pas sur elles pour susciter des réactions de tes zamis spécialistes des quiz. Pour eux, tu parles eine fremde Sprache car la musique commence, chacun le sait, il y a 50 ans grand max, hormis quelques tubes de supermarché, du Bêtauv' remastérisé, du Back ou du Mozâre sortis de leur contexte, voire du Vaguenerf qui comme chacun sait a conduit les Panzer à écraser la caverie polak pendant qu'on se dorait la pilule sur la ligne bleue des Vosges.
Triste époque que celle qui devient myope au point de n'attendre plus rien du futur proche et déjà sarkozysant, et qui se repasse en boucle les années post yé-yé, rocko-punk et funk fin de siècle.
Oui, je suis résolument contre ses "Modernes" blasés de tout et devenus centristes, faute de croire encore en quoi que ce soit, près désormais à tous les compromis qu'ils n'auraient jamais accepté dans leur trentaine désormais crépusculaire. "En attendant les problèmes de prostate, veillons donc à tout concilier et à polir les angles".
Suis-je donc le dernier utopiste de gauche face à cette maladie du quarantenaire bon-teint grisonnant sur les tempes, maladie bayrousienne qui me guette aussi? Je m'accroche aux derniers bastions imprenables, laissant les basses-cours pop' à cette époque où les miroirs sont désormais dans les canivaux; vivent donc les XVIIème et XVIIIème siècles , qui, eux, ne font pas consensus car ils sont exigents. Vive donc celui qui vote pour une société et non pour ses propres intérêts. Voltaire était un bobo certes, mais un bobo révolté. Mais je sais que c'est l'heure de la soumission, de la lobotomie, de la pensée formatée. L'heure de l'abdication a sonné. Oui donc à l'éclectisme bayrousien qui confond tout et qui finit par tellement relativiser les valeurs (de gauche comme de droite) qu'elles en perdent tout sens. Oui à la cohabitation entre baroque et hardrock, au mélange des arts premiers et derniers, aux mangas qu'on tague sur les parois de Lascaux, à la fusion, à la confusion et à l'effusion. Tout est dans tout et réciproquement d'ailleurs. Vive donc Roubaix, vive donc Bayrou et vive cette belle quarantaine. Ach, travail, famille et patrie européenne, quand tu nous tient!
Autrement dit, cher(e) anonyme, un fan de musique moderne est forcément inculte. Vous apprendrez que, pour prendre mon seul exemple, j'ai plus souvent qu'à mon tour étudié l'histoire du jazz, que j'ai toujours été curieux des musiques traditionnelles de tous les continents, que j'ai tenté à plusieurs reprises de m'initier à la musique lyrique, que la musique contemporaine réussit à se frayer un chemin jusqu'à ma discothèque...
Et que ce n'est pas par le mépris que vous convaincrez les plus jeunes d'aller s'interesser aux musiques qui leur sont les moins proches, et dans le temps et dans l'espace.
Ne te mets pas martel en tête, Coolbeans, l'anonyme du 44 a des aigreurs consécutives à sa prestation plus que moyenne aux différents blind-tests qui ont ponctué mon anniversaire. Vexé de n'avoir pas pu tirer son épingle du jeu, il nous ressort sa vieille antienne sur la confusion des valeurs et, non content de ne pas savoir distinguer les Beatles des Stones, il en est toujours à croire que la propagation de la musique populaire participe au grand complot pour l'abêtissement des cerveaux. La musique pop n'a rien à voir avec la modernité ou avec l'absence de modernité, elle contente simplement d'occuper un créneau que la musique savante n'occupe pas.
Pour ce qui est de ta diatribe antibayristes, je vois avec regret que tu ne t'es toujours pas remis d'avoir si bien voté le 21 avril 2002. Je ne te ferai pas non plus la cruauté de te rappeler le bilan de ton égérie lorsqu'elle était secrétaire d'état dans un ministère qui t'es cher. Le travail, la famille et les valeurs que tu nous assaisonnes à toutes les sauces ( il va falloir peut-être un jour que tu te décides à trouver d'autres arguments que ceux de Jacques Duclos), ce n'est sûrement pas Bayrou qui en parle le plus. Quant à l'orthographe dont régulièrement tu me rebats les oreilles, je remarque avec plaisir que tu as baissé la garde, "exigeance" quand tu nous "tient"
Pour l'orthographe, nous sommes à 2 fautes chez moi et 3 dans ta seule réponse (ce qui, pour quelqu'un qui m'entreprend sur ce sujet me paraît d'une libéralité plus qu'excessive). Balle au centre (encore!) donc. Il est vrai qu'en matière de quiz, j'ai trouvé mes maîtres... mais pas encore en matière ni en manière de penser. Si mes défaites consécutives au scrabble sont récentes (il me semble que la balance penche peut-être encore nettement en ma faveur, non ?), je ne me résouds pas à la défaite politique orchestrée par les médias et dont vous vous faites tous les chantres. Si je ne sais pas distinguer les Beatles des Stones (mais la faute à qui au juste ? je n'ai pas trouvé celui qui voudrait m'initier), je distingue nettement le programme de gauche et celui de droite... et j'en ai marre de tous ces profs qui veillent jalousement à leurs petits intérêts quand ils vont voter et qui se foutent assez des autres. C'est là que je vois la dérive quarantenaire guetter. Eh quoi! parce qu'on a réussi (modérément il est vrai) sa vie, que les enfants grandissent et que la vie devient somme toute pépère, il faudrait se soumettre à l'idée de travailler plus pour gagner plus ? A t-on oublié les luttes sociales du passé ou est-on désormais suffisamment du bon côté pour ne plus regarder les précarisés en nombre qui sortent de nos classes ? Vieillir, c'est donc devenir insensible et se faire des quiz des années de sa jeunesse ? Je vois que les lendemains déchantent, mais ne comptez pas sur moi pour participer au consensus mou et défaitiste auquel vous vous complaisez, faute d'espérer encore autre chose que cette banalité ambiante dont nous distraie parfois la musique (sous toutes ces formes). Et encore pardon de penser résolument seul contre tous, de remuer la fourmilière de façon si indécente. Mais tu le sais, "et s'il n'en reste qu'un, je serai..." Ah! Victor Hugo, ne voilà t-il pas un des rares hommes qui ait gagné en vieillissant ? Là où tant d'autres ont abdiqué les idées de leur jeunesse (en clair, là où tous nous nous droitisons de plus en plus), qu'un homme puisse vieillir en devenant chaque jour davantage un homme de gauche me paraît bien lui devoir l'immortalité. Mais pour un Hugo, combien de gentils collabos passifs ? Et il n'y a pas qu'à La Rochelle qu'il y ait des Drieu. Bises. L'odieux de Nantes.
Tiens, soit dit en passant, et sans forfanterie aucune (quoique), je serais ravi d'enseigner à l'Odieux de Nantes les quelques bottes secrètes qui m'ont valu une réputation d'invincibilité au Scrabble.
En toute amitié, cela va sans dire.
;-D
drôle de discours, anonyme, un peu confus (et on pourrait à la limite retirer -fus), décidément les élections troublent les gens :D
Odieux Nantais, ta posture de F.F.I des beaux quartiers me fatigue autant qu'elle m'amuse, toi qui ne connais du peuple que la concierge de ton immeuble en pierre de taille. Victor Hugo, dont tu te targues d'être l'émule, avait au moins visité les caves de Lille avant de prendre la plume, lui. Qu'une nouvelle fois tu me ranges dans le camp des collabos, passe encore mais que tu m'assimiles au camp de ceux qui prônent le travail comme une valeur refuge, là, je m'insurge ! Tu dois confondre avec d'autres. Tu n'as qu'à regarder mes proches, des arcandiers, des "slackers" cherchant à passer entre les mailles étroites du travail "normalisateur". Non, le travail, à d'autres! Tu te dois de me faire justice de cette accusation. Pour ce qui est des choix politique (et tu le sais très bien), j'ai aussi peu d'accointances avec les forcenés de la déreglementation à tout crin qu'avec les professionnels de la désobéissance "fonctionnarisée". Non, moi, je rêve d'un candidat qui ne propose rien mais j'ai peur qu'il ne s'en présente aucun. Comme le prédisait Cioran, et la campagne a le douloureux privilège de nous le rappeler tous les jours, la société est devenu "un enfer de sauveurs" et moi, je cherche un indifférent, un sceptique, un fainéant...
Ahah !! Un fainéant ça devrait pouvoir se trouver...Mais de droite ou de gauche ? *__*
Bah euh...en temps que "jeune" je dois dire que j'écoute des oeuvres classiques (je vais même à l'opéra, c'est dire!) et je n'en ai même pas honte! alors cher anonyme, sache que pour moi, Soniceric ne parle pas "eine fremde Sprache".
De plus, ayant des origines étrangères, je m'intéresse à bien d'autre musiques qu'à du "rauque"...
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