Wednesday, June 27, 2007

Balle perdue

A 17 ans, je jouais un peu et mal au tennis. Enfin, moins bien que mes deux frères qui parvenaient régulièrement à être classés. Ce qui ne fut jamais mon cas. A l’époque, Yannick Noah dominait le tennis français masculin. Et Cathy Tanvier le tennis féminin. Blonde, en minijupe et jolie, elle ne pouvait qu’attiser les fantasmes du lycéen frustré que j’étais. Comme Tracy Austin ou Hana Mandlikova.
Je n’ai plus touché une raquette depuis 15 ans et j’avais oublié la petite blondinette qui portait un bandeau blanc dans les cheveux. Jusqu’à cet article du Nouvel Observateur évoquant sa « descente aux enfers » et le livre afférent.
Dès qu’on a le livre en main, on voit bien qu’il ne s’agit pas d’une vulgaire autobiographie à la Carrère-Lafon bâclé par un « nègre » sur le coin d’un zinc. Pas de préface complaisante d’un entraîneur prestigieux, pas de photos centrales retraçant les heures de gloire de la championne, pas d’index avec le nom de tous les « people » rencontrés mais une sobre couverture et le beau visage un peu triste de Catherine Tanvier.
Et puis, dès qu’on plonge dedans car il n’est pas question d’en lire trois ou quatre pages par ci par là, on sait qu’on a affaire à une personnalité hors-norme, à un destin terrible. Entre un père à la fois absent et abusif, une mère aimante mais paumée, un frère hémophile séropositif, des managers aux allures de requin blanc et des entraîneurs concupiscents, la jeunesse de Catherine Tanvier, obligée de courir les tournois pour faire vivre sa famille, fut une jeunesse avortée. Ce qu’elle donne à lire dans Déclassée, c’est l’impossibilité qu’il y’avait pour le petit prodige Cathy Tanvier de devenir elle-même, de devenir une femme.
Paradoxalement, ce qui fascine le plus dans ce réc
it, n’est pas l’évocation douloureuse des défaites et des victoires (aucune n’étant d’ailleurs dépourvue d’amertume). Même si elle dresse un beau portrait de Martina Navratilova, ces pages-là sont les plus attendues et finalement les moins marquantes. Non, ce qui étreint et passionne, c’est le règlement de compte bilieux avec le milieu du tennis, la condamnation impitoyable de son père (« Le sperme qui m’a engendrée peut dormir tranquille. Dressé au-dessus. Impérial. Intouchable. Jacques Tanvier a essayé de me tuer par HDT[…] Autrement dit : internement dans un établissement dans un hôpital psychiatrique. A cause de mon enfermement. De mon refus de le voir à vie. Mais encore, pour ma vie sans métier. Sans argent ; Sans ambitions. Sans baise. Sans mari. Sans enfants. Sans maison. Sans amis. Sans sa gueule surtout ! ») mais aussi la sincérité, l’impudeur qu’elle met dans le compte-rendu d’une sexualité tortueuse, narcissique et douloureuse. La haine qui la ravage, l’indéniable paranoïa qui l’affecte occasionnent des pages et des mots qui sont ceux d’un véritable écrivain. Ce n’est pas la littérature dont je suis coutumier (Christine Angot est ici abondamment cité), vous qui me suivez depuis un bail le savez, mais c’en est, j’en ai la quasi-certitude. On n’écrit pas des choses comme « L'autre jour, accoudée au comptoir d'un café, j'ai commandé de l'eau. C'était gratuit. Voilà où j'en suis. Voilà ce à quoi on m'a réduite : à un pourboire social. Le pire, c'est de constater que j'ai toujours aussi soif après " coût ". Ma gorge, par où l'eau est passée, n'est pas désaltérée. C'est l'opulence sèche de la misère. J'ai trop mal du mal qu'on m'a fait et il se trouve que je n'ai rien d'autre sous la main que ce livre pour soulever la honte chez certains. » sans laisser des traces durables.
De plus, à l’heure où les blaireaux font la loi médiatique et promeuvent jusqu’à l’écœurement la valeur travail, le chapitre Mon RMI fait du bien. On y lit des lignes comme : « Comment croire encore au monde du travail ? Après y avoir tant souffert, je ne peux pas » ou bien « Je m’arrache à l’insupportable moralité de cette société et à son système d’esclavage. Je préfère la pauvreté et la solitude à une embauche aux alouettes. Salaire de la peur ! Il n’y a qu’à voir comment les employés s’étiolent, se liquéfient de nausée en nausée. » Humiliée, co
ndamnée au « pain noir de sa banqueroute » Catherine Tanvier ne fait pourtant pas l’aumône et c’est évidemment ce refus de tendre la patte, cette impossibilité à rentrer dans le rang qui fait aussi le prix de ce livre singulier.

7 comments:

coolbeans said...

Superbe post sur un livre que tu donnes envie de lire.

Anonymous said...

D'abord, nous avons joué ensemble au tennis à Aytré et tu m'as mis une râclée. Ca ne fait pas 15 ans, et c'est un mensonge qui te sera compté. Qu'une femme dont la jupe s'envole sur un terrain de tennis puisse hanter les rêves d'un adolescent torturé, je n'en doute pas un instant. Quant à savoir ce qui t'a poussé à lire cette autobiographie sordide que tu trouves géniale, je n'en sais rien... mais qu'il est loin de Proust et Talleyrand à Catherine Tanvier... Mais puisque tu as le don de reconnaître les véritables écrivains -et les citations de Tanvier que tu donnes sont là pour arracher des larmes sur un comptoir de zinc du café du commerce- n'hésite pas à regarder les ouvrages en tête de gondole de supermarchés estivaux, de ceux qu'on trouve entre Châtelaillon et La Rochelle. Et puisque tu prises ce genre d'égotiste, comme dirait Henri Brulard, je te conseille de t'y mettre : nous aurions tous plaisir à découvrir les méandres d'un adolescent pour qui les arcanes vierzonaises n'étaient guère bordées par de belles tenniswomen blondes levant leur jupe à chaque revers. les tiens étaient assurémment plus cuisants.
Au plaisir de lire les dernières nouvelles des has-been avant Gala et paris match grâce à ton blog,

L'odieux de Nantes

Jocelyn Manchec said...

Vachard comme à l'accoutumée l'Odieux... le match entre vous deux se fera sans tie-break et pourrait bien durer toujours, toutes surfaces et occasions confondues.

Reste que moi aussi, ce:
" (...)il ne s’agit pas d’une vulgaire autobiographie à la Carrère-Lafon bâclé par un « nègre » sur le coin d’un zinc. Pas de préface complaisante (...)" qu'il relève au détour d'un perfide croque-en-jambe,
m'est apparu, lui, lourd de celle dénoncée, de complaisance...

Pour le reste, je n'ai ni avis ni envie.
Continue, on t'aime comme ça (le Nantais le premier !).

Eric Aussudre said...

Mets ça sur le compte du masochisme, l'odieux mais ton commentaire m'a fait rire, donc, pas d'acrimonieuse répartie de ma part cette fois-ci! Je suis malgré tout ravi de constater que tu ne m'attendais pas là. Coolbeans, you're welcome et Mariaque, je savais qu'on pouvait compter sur ta sagacité pour démasquer les petites facilités auxquelles je me laisse hélas parfois aller.

joebassin said...

joli blog bravo

Anonymous said...

Les qualités de Catherine Tanvier : Le mensonge, la bêtise, l'absence de toute intelligence, fainéante, elle prostitue sa vie pour quelques billets, elle renie son père en l'injuriant.

Moi je le connais son père et s'est un type bien qui a payé presque 200 millions pour que sa bâtarde de fille soit une championne d'opérette.

Par contre elle glorifie sa mère contre nature, jusqu'à lui ressembler.

La complicité entre la mère et la fille se fait par les valeurs de l'escroquerie, le vice et le

Jacques TANVIER said...

Cher Monsieur,

Ayant lu attentivement votre article qui s'avère être tendancieux sur le fond, je vous écris afin de vous apporter quelques éclaircissements contradictoires sur les termes et propos mensonger que ma fille Catherine à pu écrire dans sont livre ordurier et diffamatoire.

Je n'ai jamais été l'homme odieux décrit dans son livre, Catherine a eu une enfance merveilleuse que beaucoup d'enfants aimeraient connaître, des centaines de témoignages peuvent l'affirmer..

Catherine fut ruinée par une mère contre nature, qui utilisa l'argent de ma fille pour ses nombreux amants (dont la liste est à votre disposition)...

En ce qui me concerne, après mon divorce, j'ai refait ma vie et depuis 31 ans je suis toujours avec la même personne ....

Et puisque dans son livre l'argent est le nerf de ses accusations, il faut que vous sachiez que pour être et devenir championne de tennis, ma fille m'a coûté environ 200 millions de centimes, et que dans le système mis en place, je payais au mois son entraineur Mr. Steve Mayllers, ancien champion du tennis australien, c'est d'ailleurs avec lui que mon ex épouse est partie du foyer pour mener la grande vie, dès que Catherine est devenue positive financièrement.

J'affirme sur l'honneur avec preuves à votre disposition, que je n'ai pas ruiné ma fille et que je n'ai jamais eu la moindre signature pour pouvoir gérer les intérêts de Catherine.

Par ailleurs, j'ai refusé de traduire ma fille et son éditeur en justice pour injures et diffamations, et ce pour deux raisons. La première vient de fait que ma morale, c'est quelque chose qui ne se fait pas entre père et fille, et deuxièmement, j'ai préféré au nom de mon honneur laisser Catherine percevoir les denier de sa trahison que pouvait lui rapporter sont livre torchon, afin de ne pas être responsable d'une quelconque tentative de suicide par manque d'argent.

Je détiens et je laisse à votre dispositions les 14 pages de mon droit de réponse et toutes les preuves y afférentes.

Je serais heureux d'être mis face à face avec ma fille avec vous comme témoin, en espérant qu'à l'issue de cette confrontation, ma fille prenne conscience de ma vérité et est aussi la vérité.

Aujourd'hui, malgré mes 68 ans, je suis encore le seul à pouvoir faire encore quelque chose pour elle, afin qu'elle retrouve la joie de vivre à travers une vie normale.

Je reste donc cher Monsieur à votre disposition pour répondre à ce que vous pourriez envisager de faire pour qu'une fille retrouve la joie de vivre aux côtés d'un père qui a été bafoué dans son droit d'exister.

Respectueusement.

Jacques TANVIER
Père de Catherine.