Monday, October 08, 2007

La question


Dis-moi quel est ton disque préféré de 1971, je te dirai qui tu es. Si tu réponds Who’s next, il est peut-être un peu tard pour envisager une rencontre. Si tu réponds Dez anos depois de Nara Leão ou La question de Françoise Hardy, tu es déjà mon ami. Même si tu ne le sais pas encore.
Bruno l’avait brillamment écrit ici : les deux meilleurs disques de 1971 portent une griffe commune, celle de la compositrice et guitariste Tuca. Peu d’arrangements de disques français de ces années-là sonnent aussi peu datés. Une basse, une section de cordes, l’accompagnement sobre, à la fois délié et concentré de Tuca et bien sûr la voix de Françoise (a-t-elle jamais chanté plus intensément ?). Elle a écrit 4 textes sur les onze chansons que compte l’album mais le plus beau, le plus torturé est sans nul doute celui de La question, autobiographique jusqu’au vertige : « Tu es le sang de ma blessure, tu es le feu de ma brûlure, tu es ma question sans réponse, mon cri muet et mon silence ».

Je n’aime pas cette musique et ce texte parce que je suis nostalgique d’une époque révolue ou de mon enfance. Je ne me souviens pas du début des années 70 en dehors de la naissance de mon frère (à 4 ans, j’écoutais les disques de mes parents et c’est tout) et cette période ne me fait pas plus rêver que, au hasard, la Régence ou les années 20. J’aime cette musique car elle éveille ce qu’il y’a de moins misérable en moi, me permet, un instant d’échapper à ma condition de mortel . Ce disque a été publié en 1971 mais il me parle paradoxalement plus de ce que je suis actuellement que tous les Bénabar ou Diam’s de la planète qui pour être mes contemporains et me parler soi disant d’aujourd’hui ne me disent rien.
En vieillissant, les photos jaunissent, la peau se flétrit mais les bons disques, eux, ne bougent pas. Il n’ y a pas de date de péremption pour eux.

11 comments:

coolbeans said...

Un seul disque de 1971 dort chez moi : celui de Pete Dello.
Copain quand même ?

Eric Aussudre said...

D'autant plus copain que je ne connaissais pas Pete Dello. J'en reparle sous peu

Pitseleh said...

Le "Into yours ears" de Dello est en effet un petit bijou (disponible en import jap chez Gibert pour les Parisiens).
Pour mes albums préférés de 71 je dirais... "White light" de Gene Clark, "Electric warrior" de T.Rex et "One year" de Colin Blunstone.

coolbeans said...

Le Blunstone est de 1971 ???
J'aurais donc deux disques de 1971 chez moi ? Incroyable !

Erwan said...

Blunstone aussi et "Hunky Dory" de Bowie je dirais... Bon en même temps je ne les aient pas découverts à l'époque, j'avais -9 ans :)

Eric Aussudre said...

Oui, Hunky dory (que j'ai tant aimé) et le Bluntsone, deux très bons choix mais, aujourd'hui, je n'ai que Nara et Françoise en tête.

Pitseleh said...

Quatre fois que j'essaie d'avoir l'import de Nara pour le boulot, c'est peine perdue je crois...

Anonymous said...

L'amitié elle aussi ne connaît pas de date de péremption; plus on vieillit et plus les amis, les vrais, prennent de la valeur. A croire que les grands millésimes fructifient en nous, comme vin rubis en cave sombre. L'amitié (c'est aussi ce qui nous lie tous ici sur ce blog, non?), c'est cette famille du coeur que l'on se choisit, celles des affinités électives qui nient le temps qui passe. On se retrouve toujours comme si c'était hier, sans qu'aucun événement ne remette en cause ce trésor acquis qui chaque jour fructifie.
Puisque j'ai la chance que tu viennes ce soir chez moi, pour mes 37 ans (je suis de 1970, pas de 71!; c'est quoi le meilleur disque de mon année de naissance ?) pour que nous assistions ensemble à ce qui s'annonce déjà comme un match d'exception, je te redis le bonheur de te connaître, dans cet éclectisme si singulier et si réussi qu'est le tien. Homme de cultures, grand amateur du XVIIème et des années 60, fin connaisseur de l'opéra comme des Rolling Stones, enchanteur des moments partagés par ta gouille vierzonnaise, animateur hors pair des soirées de jeux, compétiteur remarquable au scrabble, s'il n'y en avait eu qu'un comme toi, j'aurais voulu qu'il soit mon ami. Et tu es celui-là. Que dire de plus?
Voilà un petit mot d'amitié peut-être déplacé ici, comme peuvent l'être, avec une mauvaise foi qui ne m'appartient qu'à moi seul, mes coups de gueule (il y en aura biebntôt un; ne croyez pas que l'âge me rende lyrique!). Qui a dit que tout message qui ne mettait pas en cause l'équilibre précaire du monde ne méritait pas d'être lu ? Et corne de taureau en terre d'ovalie, voici mon drop d'amitié qui vaut bien ceux du perfide Wilkin'.
Bises à toi et vivement ce soir qu'on rende ovale cette belle journée.
L'Odieux de Nantes qui salue les happy few fellows.

Anonymous said...

La gouaille s'est transformée en gouille, qui puis-je? Je ferai bouille honorable la prochaine fois
Le même

Eric Aussudre said...

Fin connaisseur Des Rolling Stones, plus vraiment mais le reste est pure gentillesse. Happy 37 candles, my friend!
Et puis, s'il faut garder un album de 1970, il y'a la B.O du Messager signée Michel legrand.

Anonymous said...

hi my friend
prenons langue, comme disent les québequois, pour dire "discutons"; j'ai pas dit "prenons nous la langue" qui aurait été plus piquant....
ok tu loues l'incandescence du sentiment donné par F Hardy, c'est beau, lyrique,précieux....mais ton coup de pique sur ma pote Diam's n'est pas acceptable, et vraiment inutile.... c'est ma France à moi, aussi, c'est une vraie voix, ma France à moi, elle parle en sms, elle parle sur msn...ma France à moi elle se débrouille, ne vit pas dans le mensonge, avec la rage et le coeur, elle vit , elle l'ouvre, c'est pas la leur, qui vote FN; ma France à moi, elle regarde pas "les choristes" ou Laurent Gerra...vraie chanteuse réaliste, qui invente le français...
dis moi sonicric, mon garçon, tas pas perdu ta cédille?
allez, sonic, juste un effort ....