Le désastre sied bien aux artistes que j’aime et Britney ne fait pas exception à la règle. Un cran en dessous de Chrissie Hynde sur Learning to crawl (deux membres des Pretenders cannés dans les six mois qui précédaient la sortie du disque) ou de Marvin sur Ego Trippin’ out (le fisc aux trousses, sa seconde femme sortant avec un rival déclaré (Teddy Pendergrass)), Blackout est tout de même la vraie surprise du chef. Car on ne donnait pas cher de sa carrière, il y a de cela ne serait-ce que 15 jours. Plus elle disjonctait, plus on la croyait perdu pour la musique. Et bien, on avait sans doute pas assez écouté I’m a fool to want you du père Franky, enregistré en pleine panade professionnelle et sentimentale (et qu’il ne surpassa jamais) car ce disque est bon, mes amis, oui, vraiment bon. Nonobstant un premier single un peu mou du genou et une pochette à faire frémir les apôtres du bon goût (à côté Stripped de Cristina Aguilera, c’est du Yves Klein), Blackout est une tuerie largement supérieure à ses précédents efforts (et je parle de disques qui faisaient passer 100 % du r’n’b français pour de minables amusements de patronage). Les raisons de cet implacable retour au premier plan ? La production, encore la production et toujours la production. Britney a beau être médiatiquement une ambulance en route pour les Urgences (honte à ceux, tel Yann Barthes qui croient faire le malin en raillant la pauvresse), musicalement, elle continue à s’entourer des meilleurs, de Bloodshy&Avant, aux Neptunes en passant par The Clutch. Certes, son porte-monnaie lui permet de s’offrir de telles pointures mais on en connaît d’aussi fortunées ou presque (Mariah, Jennifer) qui de compagnonnages aussi talentueux ne font presque rien. Les meilleurs titres sont d’ailleurs ceux où elle laisse l’électronique suppléer les limites de ses possibilités vocales. Radar (ma préferée), Piece of me (une savoureuse et impudique plaidoirie), Break the Ice, Get naked sont autant de pépites à savourer avant la prévisible overdose que procurera leur sortie en singles. C’est quand elle force sur le squeaky et le sexy (elle l’est si naturellement qu’elle n’a nul besoin d’en rajouter) qu’elle convainc le moins (Hot as ice notamment). Mais, je le répète, le niveau est encore supérieur à In the Zone (même si Toxic n’est pas ici surpassé), en grande partie car on n’y trouve plus ces ballades sirupeuses et niaises qui déparaient méchamment l’ensemble. Laissez-moi vous dire que Kylie a intérêt à sortir l’artillerie lourde pour être à la hauteur de cet évanouissement là.
Britney is 25 but she’s still fun.
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8 comments:
et moi qui en restais à cette si belle image de vieille poupée abandonnée et débraillée... (no fun, quoi). tu me donnerais presque envie d'oublier ça et d'essayer d'écouter ; ça c'est du talent !
J'ai certainement tort, mais je ne me suis jamais intéressé aux albums de Britney Spears.
J'ai donc toujours eu d'elle l'image qu'en donnaient les média. Et aujourd'hui... Britney est devenu pour moi le symbole triste de ces individus qui vivent leur rêve tout en se faisant progressivement détruire par le système.
Musicalement, je te fais confiance (à toi et à d'autres), ça vaut peut-être la peine, mais la vie de cette fille est une telle mise en scène de l'autodestruction, un tel gâchis indécent, que c'en devient l'archétype de ce que peut produire de pire l'industrie du disque aujourd'hui... Et rien que pour ça, il est hors de question que je jette une oreille sur ces disques.
Hyper déçu. J'ai écouté ton radar de ta blonde décolorée, reteintée.... et je dois te le dire : ou tu écris pour séduire une jeune bimbo qui sait y faire ou je n'y comprends plus rien. C'est commercial, dégeulasse; quant au clip où elle est dédoublée, il se passe de commentaires. Es-tu sûr qu'il faille te garder des places pour écouter des Lieder du grand Franz ?
L'odn
aguiché par les éloges de l'odn, et toujours sous le charme de la critique si documentée et pointue de SonicEric qu'une jeune bimbo mettrait deux heures à la lire et aurait oublié le début en arrivant à la fin (je préfère ne pas imaginer ce qu'il en serait d'une vieille bimbo), j'ai moi aussi tenté "Radar"... pas mal mais un peu long pour une intro, ça démarre quand ? pas sûr qu'elle puisse se refournir en lingerie de luxe avec les bénefs de cet album en tout cas, notre "no fun".
cheers !
PS : ravi d'apprendre que le grand Franz se produit à Nantes ; j'ignorais qu'il était encore assez en forme pour rechausser les crampons ; les billets d'entrée à la Beaujoire vont s'arracher. C'est Mattkorn qui va être content de ce revival. Le grand Gert est-il aussi de la partie ?
Mais quelle est la part de création de Britney dans tout ça (à part chanter avec le nez bouché ? ) ?
Freak show comme Get naked sont de sa main, brotha !
En temps normal, je serais d'accord avec toi. Les chansons lentes (ou les ballades) sont les fossoyeurs des albums pop, sauf que sur In The Zone, la chanson lente emblématique de l'album est Everytime, un chef-d'oeuvre insurpassable.
Cela dit, vous êtes nombreux à chanter les louanges de Blockout. Je l'écouterai cette semaine.
Je ne classai pas Everytime dans la même catégorie "ballade saumâtre" que "I'm not a girl, not yet a woman". J'aurai dû nuancer mon propos, c'est vrai. J'attends maintenant ta chronique avec impatience mais étant un lecteur assez ponctuel de ton blog (je me souviens d'une très belle défense d'un album de Rachel Stevens), je pense que tu ne vas pas être déçu.
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