Friday, May 01, 2009

Who's got talent ?

Il y a un truc épatant dans le métier de prof', ce sont les voyages linguistiques surtout s'ils se situent de l'autre côté du Channel ou outre-Rhin. Cette année, j'expérimentai la banlieue sud de Londres avec une bonne cinquantaine d'élèves (tous presque aussi anglophiles que votre serviteur) et ce fut impeccable. Le seul inconvénient (réglons ça tout de suite), c'est la rémunération des familles d'accueil (un véritable business à Mitcham, là où nous crêchions) qui ne remplacera jamais un échange en bonne et due forme (chose hélas difficile à mettre en place) . Le deuxième soir, j'étais hebergé avec un collègue chez une adorable anglaise excentrique comme je les aime et la discussion vint tout naturellement sur la prestation de Susan Boyle sur Britain's got talent. Mon hôtesse ne tarissait pas d'éloges sur le charisme vocal de cette écossaise "plumpy". Au vu de la prestation de Susan et des réactions du jury (plus attendus et expressionistes, tu meurs), j'étais curieux de pouvoir écouter ça au calme chez moi (car Mrs Drake, aussi charmante fût-elle, ne cessait de commenter les rediffusions de cet "événement"). Las, et après écoute attentive, le problème est toujours le même. Susan Boyle a beau avoir un réel talent pour projeter les notes et une certaine ampleur dans la voix, le vibrato est rédhibitoire et le chant, tout de même bien plébéien. Et puis, et j'allais dire surtout, il ne suffit pas d'avoir toutes les notes, il faut aussi ne pas se tromper de répertoire. Susan Boyle a choisi I dreamed a dream, un extrait d'une comédie musicale minable, The Miserables d'un dénommé MacKintosh qui est à Cole Porter ce que le Kiravi est au Saint Joseph. Un triste travesti des grandes heures de Broadway. Pour resplendir, il faut mettre le soin le plus extrême dans le choix des reprises et des compositeurs. Aussi versatile soient-ils, Dusty Springfield n'a jamais repris Hair et Rufus Wainwright ne s'est jamais lancé dans Cats. C'est toujours un leurre de croire que la qualité vocale seule suffit. Aretha Franklin et Joe Cocker se sont perdus dans les années 80 en chantant à peu près n'importe quoi alors que des chanteurs limités avec des arrangements et des choix soignés ont pu aisément faire la différence (au hasard, Sexton Blake ou dans un genre totalement différent, Diana Krall période All for you).

P.S (qui n'a rien à voir) : IBT est de retour et... c'est bon !

6 comments:

Jocelyn Manchec said...

Que vous nous faites plaisir, mon bon ami. Vous nous ravissez, pas moins. Qu'on vous confie tribune là où il faudrait et qu'on cesse de nous monter en épingle toutes ces petites conneries de non-événements, de vessies prises pour quoi vous savez.

Leroy Brown said...

Je suis assez d'accord. Et puis il faut dire que la vidéo de sa performance illustre à merveille le pouvoir du montage: les gros plans sur les gens qui en l'espace de 2 sec. sont terrassés par l'émotion et les cris nourris que l'on entend au même moment par ex. Il y a pas mal de manipulation à ce niveau (une analyse de tout cela mériterait plus que quelques lignes).

Eric Aussudre said...

D'accord, Leroy, pour admettre que mon post n'accorde pas assez de place au démontage du montage (ah, l'odieux plan sur la mine dégoutée des minettes lorsque Susan affirme que son rêve est d'être une " professionnal singer") et, en même temps, je ne suis pas certain que ce type d'émissions mérite qu'on s'y attarde trop longtemps!

coolbeans said...

Ceci dit, en cherchant un peu sur le youtube, vous tomberez sur un enregistrement audio d'elle chantant "Cry Me a River". Ecoutez et reparlez nous-en...

Anonymous said...

Hello Everybody
Encore un bon lessivage des idées toutes préconstruites par notre esthète de talent de l'Aunis et de la Navarre réunies.

Special message à Mariaque : toi qui aimes les BT peu googlisable, mon dernier BT (en ligne jusqu'à jeudi) devrait te combler !

Anonymous said...

Il serait peut-être temps aussi de rappeler le contexte très anglo-saxon-protestant de ces émissions, j'entends par là cette manière de faire primer le sérieux et l'exact sur la justesse. Plus l'aspect grégaire de l'affaire, le sadisme omniprésent et surtout ces chansons merdiques braillées dans des tenues inadmissibles.
Comment a-t-on pu s'acclimater aussi vite à de tels concepts? C.