Saturday, June 20, 2009

T'aimes la Motown ?


1966, 1967, mon coeur balance. Quelle année choisir comme absolu sommet de la musique pop ? Natif de 1967, j'aurai tendance à privilégier le 7 qui conclue tant d'années fructueuses (de Buddy Holly aux House of love), qui voit Beatles, Kinks, Otis Redding à leur sommet créatif. Mais voilà, j'ai aussi tout fait pour épouser une femme qui soit née en 1966, l'année de Pet Sounds et de "Reach out I'll be there". 1966, c'est une année de prémices heureuses, d'expérimentations joyeuses. 1967, c'est une année d'achèvements formidables mais aussi de sauts dans l'inconnu. Alors, en vrai normand, je peine à me décider.
Chez Tamla Motown, on retrouve la même dichotomie entre ces deux années mais dans une perspective quelque peu différente. 1966, c'est l'apogée créatrice, l'hégémonie du trio HDH, les charts américains vampirisés et le plus grand single de l'histoire de Motown, pour ne pas dire plus. 1967 est au contraire une année de doutes, de transition : Marvin paresse, n'enregistrant que quelques sessions avec Tammi Terrell (mais quelles sessions : Your precious love et Ain't no mountain high enough), Florence Ballard est contrainte à la démission et Brenda Holloway, dramatiquement sous-employée. Parallèlement, Detroit s'embrase (43 morts lors des émeutes de juillet) et le mouvement des droits civiques s'étend à travers tout le pays. Berry Gordy, qui a tellement oeuvré pour battre les blancs sur leur propre terrain a dans un premier temps du mal à intégrer une dimension politique à son Sound of young America. Il embraye tardivement sur le mouvement (en 1967, je ne vois vraiment que"Reflections" des Supremes en accord avec l'époque). De même, les plus grands pourvoyeurs de hits pour Tamla quittent la maison en 1967 (prémonitoire, Chris Clark (dont je vous ai déjà dit le plus grand bien), une semaine après le dernier single certifié HDH pour les Four Tops, chante "The beginning of the end") . Alors, si en 1967, Motown n'est peut-être plus aussi hip et indépassable qu'en 1966, il est difficile de nier le bouillonnement créatif encore à l'oeuvre à Hitsville et l'incroyable accumulation de talents autour de Gordy. 1967, un chant du cygne plus qu'honnête avant la métamorphose psychédélique et la politisation du tournant de la décennie.
Les fans hardcore (j'en suis) ou les amateurs fortunés peuvent avoir un large aperçu de cette période en s'appropriant le luxueux coffret Complete Motown singles 1967. Ce coffret, et c'est le seul hic, donne envie de mieux maîtriser les années précédentes et de savoir quelle année est vraiment le meilleur cru.
P.S : si vous êtes curieux de savoir ce que Florence Ballard est devenue après son départ des Supremes, rendez-vous sur Radio College lundi à 19h00

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