Dans un monde saturé d’obscénité, où chacun fait en sorte d’être plus commun et vulgaire que son voisin, un film comme The Age of Innocence fait du bien ! Non que l’obscénité soit absente du chef d’œuvre de Martin Scorsese, qui sait aussi se dissimuler derrière les gants beurre frais et les chapeaux claques, mais la mise en scène réussit la jolie prouesse de se mettre à l’unisson de la prose merveilleusement sophistiquée d’Edith Wharton (dont quelques échos nous parviennent grâce à la voix off de Joanne Woodward). Dédaignant l’académisme qui eut étouffé le film, Scorsese refuse de figer sa caméra dans d’interminables plans fixes. Il multiplie les mouvements virtuoses (plongées sur la table des Van der Luyden, fondus enchaînés sur les lettres d’excuse, entrée de Newton au bal donné par Julius Beaufort ) et use de plans très courts lors de la présentation d’Ellen chez les Van der Luyden comme pour signifier sa formidable liberté au sein d’une aristocratie new yorkaise aussi corsetée que celle du Vieux Monde. Virtuose, Scorsese l’est mais aussi incomparablement élégant lorsqu’il s’agit d’exprimer l’évolution des sentiments de Newton Archer vis à vis d’Ellen Olenska. Là, tout se joue dans la façon de filmer les mains des protagonistes. D’abord au Met un baise-main distant marquant une curiosité gênée puis une poignée de main plus engageante avant une étreinte fugace mais consolatrice du poignet. Et puis il y a aussi ce moment admirable où Newton doit faire renoncer Ellen à son divorce, donc à sa liberté. Insensiblement, la caméra se débarrasse de la profondeur de champ (toutes ces tentures, ces bibelots qui risqueraient d’agir comme un écran entre le spectateur et la vérité des sentiments) pour pouvoir mieux se focaliser sur les deux protagonistes brûlant d’amour l’un pour l’autre mais contraints socialement de taire leurs désirs.
Sunday, July 04, 2010
The Age of Innocence
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4 comments:
Très juste tout ce que tu dis là à propos de ce film SUBLIME ! Scorsese est en effet un virtuose de la mise en scène comme tu le soulignes bien. N'oublions pas aussi la belle photographie et la magnifique partition d'Elmer Bernstein, le compositeur de la musique (omniprésente tout au long du film). Bien vu également pour la référence à Balzac et à Sand !
Un de mes films préférés tous réalisateurs confondus et sûrement celui que j'apprécie le plus parmi l'oeuvre de SCORSESE.
Décidément, J.P, on est souvent d'accord quand il s'agit du septième art et comme tu fais bien d'insister sur le très beau score d'Elmer Bernstein (j'avais déjà énormément apprécié son subtil travail de retouche de la partition d'Herrmann pour Cape fear).
Découvert ça hier soir ! ! ! ! :
http://devantf.blogspot.com/2010/02/marvin-gaye-real-thing-1964-1981.html
Et un live que je ne connaissais pas :
http://devantf.blogspot.com/2010/02/marvin-ostende-1981.html
je n'ai pas accroché à ce film, je le trouve figé sous son joli vernis.
A mon sens, Scorsese échoue à rendre vivant ce qu'Ophuls réussissait à rendre vivant.
j'aime largement mieux Les affranchis.
sinon,merci pour la belle phrase de George Sand que je ne connaissais pas.
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