Wednesday, October 26, 2011

Wouldn't it be nice


Est-ce parce que je connais son histoire bien mieux que celle d'autres artistes mais les chansons de Brian Wilson m'ont toujours apparu plus tristes, plus désolées que les mélopées composées par tous les Will Oldham, Ian Curtis ou Mark Kozelek de la planète. Chez le génie d'Hawthorne, les mélodies sont souvent sur le mode majeur, les textes rarement trempés dans l'encre noire et pourtant il y règne une inadaptation au monde , une étrangeté qui colle littéralement le bourdon. Même lorsque les perspectives ouvertes par les textes chantés semblent radieuses, le timbre si particulier de Brian Wilson plonge l'auditeur ou du moins me plonge dans une mélancolie sans fond. Wouldn't it be nice en ouverture de Pet sounds est le parfait exemple d'un titre enclin à l'optimisme (ne s'agit-il pas d'un couple dans ses tous premiers moments ?), à la confiance dans l'avenir mais qui délivre au final une impression d'Eden inaccessible ou plus sûrement d'illusions destinées à se briser sur une amère réalité. Michael Moore ne s'y est d'ailleurs pas trompé en utilisant ce morceau dans Roger & I. Dans ce film consacré à la déconfiture du rêve américain, on voyait des ouvriers de l'industrie automobile regretter le temps béni de leur jeunesse et du plein emploi . Les soudeurs, les ajusteurs de General Motors, désormais au rancart, se rappellaient leurs Trente glorieuses en sifflotant les premières mesures de Wouldn't it be nice et l'effet était poignant.
N'est-il pas aussi significatif que Brian ait choisi comme titre de son autobiographie cette même chanson. Alors bien sûr, on pourra objecter que le leader des Beach Boys était à l'époque du livre sous la coupe réglée de son gourou psychanalyste, Eugène Landy et que même si son nom est en grand sur la couverture, sa participation a du se limiter à des cassettes enregistrées. Enfin, intituler cette histoire de violences familiales, de frustration en tous genre et de diverses névroses Wouldn't it be nice est tout sauf un hasard. Le bonheur chez Brian Wilson est toujours pour demain (We'll leave each other never chante-t-il à sa femme Marylin Wilson dans Let's put our hearts together alors que le couple vit ses derniers moments), toujours au conditionnel, toujours inaccessible :
Still I dream of it
Of that happy day
When I can say I've fallen in love

And it haunts me so

Like a dream that's
Somehow linked to all the stars above


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