Thursday, June 28, 2012

Aimer Michel Berger ?

Comme l'écrit Bayon dans sa postface à la biographie d'Yves Bigot : "Aimer Berger ? Quelle drôle d'idée.[...] La critique rock a ses exclusives de toujours. Michel Berger ne faisait pas partie de la bande, point.[...] Cet entichement, affiché à l'occasion, sans plus d'affectation ni précaution, valait infamie dans le milieu rock." Et pourtant, il y a du McCartney en lui, cette facilité mélodique, cette richesse de projets, du Spector aussi, son côté Pygmalion, perfectionniste maladif en studio. Mais rien n'y fera, il restera à quai, ne jouira jamais du respect posthume d'un Bashung ou d'un Gainsbourg qui n' a pourtant pas que des "Ford Mustang" à son actif .
La faute à quoi ? La faute aux Numéro un giscardiens, aux scies de Gall impitoyablement matraquées sur Nostalgie (Musique, Viens, je t'emmène, Cézanne peint) et surtout à cette aberration, Starmania, opéra rock annonciateur de toutes les ignominies à venir (de Notre Dame de Paris à Mozart Opera rock). S'il n'avait composé que Le monde est stone ou Ella elle l'a, son cas serait réglé, à la manière d'un Goldman ou d'un Cabrel et on ne parlerait plus de lui qu'en l'affublant de l'épithète misérable. Mais voilà, il y a des pièces à conviction d'un tout autre tonneau, le travail admirable sur le premier album de Véronique Sanson (que je n'hésite pas à trouver supérieur au Tapestry de Carole King), cette fameuse troisième voie, ni Rive Gauche, ni Yéyé, et puis son premier véritable album à lui, préfigurant la rupture avec sa muse d'alors, enchaînant trouvailles mélodiques sur trouvailles mélodiques (Demain, Je reviens de loin, Pour me comprendre). Et bien sûr, son chef d'oeuvre, Que l'amour est bizarre, où, pour conjurer le destin contraire, il invoque une dernière fois le premier amour rebelle : Seras-tu là ?
On le voit, rien n'est achevé pour Michel Berger, le dialogue de l'accusation et de la défense se poursuivra. Longtemps encore.

2 comments:

Anonymous said...

On n'a pas vu cause plus indéfendable depuis Robert Brasillach...

Krapulax

Eric Aussudre said...

Mon ami Krapulax, j'apprécie à sa juste valeur ton sens de la nuance !