Thursday, August 14, 2008

Backlash


Fin juillet, je découvrais par l’intermédiaire d’un lien du blog d’Erwan le site de Thom et le concours Top Of The Flops Of The Pops Of The Blogs qui a fait vibrer pas mal de claviers depuis sa mise en place. J’ai trouvé et je continue à trouver l’idée excellente. Pour moi, et je l’ai toujours dit, il n’y a pas pire pour cette musique que le musée et le Hall of Fame. A quoi bon écrire I’m the Walrus si c’est pour finir au dos d’une pièce commémorative en faux cuivre comme un vulgaire Jules Ferry ? Au musée, on essuie ses pieds et on regarde poliment en réprimant son admiration pour pas réveiller les gardiens. Au Hall of Fame, on décore et puis on passe à autre chose. Un aller-simple pour le mausolée. Bref, ça pue la mort. Au lieu de laisser les défunts dans leurs catafalques (Strummer, Buckley, Curtis, Cobain), Thom et sa petite bande ont préféré réveiller le cimetière et secouer les gardiens du temple. Pas sûr que les morts et les quelques vivants aient apprécié mais bon, ils n’ont peut-être pas tous détesté d’être ainsi chatouillés. Au moins, on s’intéressait à eux.

Je remarque d’ailleurs que la plupart des disques qui ont été choisi sont des disques qui ont compté pour la majorité d’entre nous. On s’est pas embêté à flinguer Goodbye Yellow Brick Road d’Elton John, Rumours de Fleetwood Mac, Eurythmics ou Billy Joel. Là, l’enjeu aurait été dérisoire. Pour que ça marche, il fallait que ça tressaille encore. Et ça tressaillait. Et ça a marché, peut-être au delà même des espérances du maître du jeu. J’avoue avoir été bluffé par le papier sur Closer (moins lapidaire qu’il n’y paraissait) qui exprimait beaucoup de choses que je ressentais sur Joy Division sans oser me l’avouer (un groupe impressionnant mais difficile à s’approprier et rarement écouté) et aussi évidemment par le texte de Morgan sur Les Clash. Un vrai travail de Pistolero sans scrupule et sans remords. Utile car les dézingueurs de statues doivent à leur tour être dézingués s’ils ne veulent pas être eux mêmes statufiés. Et jouissif, je persiste et signe. Parions qu’on reparlera de lui.

L’exercice n’était pas aussi simple que cela puisse paraître. Pourquoi ? Car il s’appliquait à deux catégories bien distinctes de disques. Les disques de gens qu’on déteste pas vraiment (les morts déjà cités plus Bashung et Massive Attack) mais qui agacent sérieusement par leur côté référence obligée. Il fallait là s’armer d’une mauvaise foi finement dosée. J’avais tenté ça avec Grace et Arcade Fire mais j’avais manqué ma cible en voulant trop finasser. Et puis il y‘a une deuxième catégorie, les disques qu’on mettrait à la benne par containers entiers (Pour moi, The Joshua Tree, (What’s the story) Morning Glory ?, Mother’s milk). Mais là, le courage manque de réécouter ces pensums toxiques. C’est tellement tout ce qu’on déteste qu’on ne se voit pas passer des plombes à éplucher les notes de pochette pendant que de petits bijoux piaffent dans leur coin attendant une oreille attentive.

10 comments:

coolbeans said...

J'attends moi, sans rire, un "jeu" qui proposerait aux blogueurs de s'attaquer au défi inverse, à savoir dire du bien d'albums détestables.
Un tel jeu obligerait chacun à se questionner sur ses goûts, serait moins bêtassement malveillant et initierait sûrement bon nombre de débats passionnants ET constructifs.

Anonymous said...

On aimait souvent les disques avant de les avoir. C'est moins vrai aujourd'hui, parce qu'on a vieilli et parce que tout est accessible, mais il y avait dans notre passion pour cette musique cette intuition que notre désir était assez lié à la frustration (enfin, à l'époque, moi et mes hormones, on analysait ça moins sereinement). C'est pourquoi on s'est sans doute échauffés pour des trucs qui n'en valaient pas le coup, simplement parce qu'on avait besoin d'eux. Il n'en reste pas moins que les disques qu'on a aimés fort sont toujours avec nous.

Ce qui m'a le plus frappé en lisant ces listes est que, au fond, le rock n'est pas une musique très sexuelle. Sexuée, mais pas sexuelle. Une musique de garçons - anglo-saxons pour ne rien arranger.
(Note bien que je ré-écoute les Undertones en ce moment et que je ne connais rien d'aussi énergique et ingénu, même si la sensualité tend à manquer un chouïa).

PS. Ne regrette pas tes textes sur Arcade Fire et Buckley. Quoique j'aime bien Funeral (mais pas Grace), j'ai été content de lire quelque chose qui se rapprochait de mon propre sentiment.
Et j'ai eu plaisir à repasser par la suite.

Anonymous said...

Salut Sonic
tu imaginais bien que je viendrais dire mon mot après avoir soulevé l'orage;)
Je te trouve un chouïa dur avec Billy Joel, mais ma foi nul n'est obligé de trouver qu'Uptown girl est une des grandes chansons de ces 30 dernières années. Sur le fond, ce qui m'a gêné, tu le sais, dans ce jeu, et je l'augurais dès le commencement, c'est que le jeu a tué l'enjeu, (formulation inverse des commentateurs sportifs prise à dessein). Très vite, la rigolade un peu grasse, presque bigardienne parfois a pris le pas sur la finesse qu'eussent mérité les dégommages, dont tu as raison de dire qu'ils peuvent être salutaires, des indéboulonnables. Et les deux exemples sont frappants : la critique de Closer, bien que courte, ouvre un nombre important de réflexion et de perspectives, celle du Clash n'est qu'un dégommage pour le fun qui se répand dans la facilité (sur London Calling, comme je te l'ai dit chez moi, j'attends toujours ta verve littéraire). Quand en outre, on s'aperçoit que dans une bonne moitié des cas, ces articles n'ont été que de purs exercices de styles (hélas pas toujours maitrisés) où les bloggeurs cassaient ce qu'ils aimaient vraiment dans la réalité (cas du Clash semble-t'il, comme celui d'Amy Winehouse), on sombre alors dans un marais, où ne nul ne sait qui aime quoi et qui casse vraiment quoi. De ce point de vue, je ne suis pas certain, je te le répète, que la vraie critique de LC que tu appelais de tes vœux ait vraiment été réalisée. Le second, voire le troisième, degré a ceci de détestable qu'il permet tout. Quand encore il flirte avec l'absurde ça peut devenir poétique, mais ce ne fut pas, en tout cas jusque là, le cas.
Thierry

Pitseleh said...

"J'attends moi, sans rire, un "jeu" qui proposerait aux blogueurs de s'attaquer au défi inverse, à savoir dire du bien d'albums détestables."

Excellente idée, je commence avec l'une de mes bêtes noires : Freddie Mercury. Un mec bien finalement, vraiment. Parce que pour fonder un groupe avec un guitariste aussi lamentable, il fallait vraiment qu'il place l'amitié avant tout.

...

Voilà.

Eric Aussudre said...

Il y a effectivement une idée à creuser, bien dans l'esprit de ce blog. Je mets ça en place la semaine prochaine.

Anonymous said...

Il y aurait aussi pas mal à dire sur tous ces disques auxquels on ne veut pas trop prêter attention sur le moment, par exemple parce qu'ils ne correspondent pas à l'orthodoxie, mais qui nous marquent plus qu'on ne le croit - plus en tout cas que les chefs-d'oeuvres officiels.

coolbeans said...

Et pis aussi un truc sur les disques qu'on n'a jamais écoutés mais sur lesquels on a une opinion bien précise.

Anonymous said...

Oui. Serge Daney parlait du travelling de "Kapo" sans avoir jamais vu le film. Je comprends assez ça.
C.

Anonymous said...

mais c'est un disque génial Rumours !
je suis étonné de votre mépris de Fleetwood Mac alors que votre amour d'Abba montre que vous ne rejetez pas systématiquement la pop commerciale et adulte.

Anonymous said...

Je te suis à 100% Coolbeans! si tu organise un concours de "réhabilitation d'albums dénigrés injustements", je participe! j'ai déjà 3 ou 4 idées...
Ca permettrai de claquer définitivement le bec de Thierry qui a osé affirmé qu'on préférai casser des albums qui nous déplaisent plutot qu'encenser des trucs qui nous plaisent (ridicule!)
et c'est vrai que c'est plus risqué: certains pourraient se ridiculiser à vie en tentant une réhabilitation de... Freddy Mercury, par exemple ;)